Revue de presse

"Débat sur l’islam à l’université : éviter les pièges" (J. Chapuis, édito, La Croix, 23 mai 23)

Jérôme Chapuis, directeur de la rédaction de "La Croix". 28 mai 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Jérôme Chapuis

JPEG - 138.1 ko

Lire "Débat sur l’islam à l’université : éviter les pièges".

"L’islam est un sujet trop sérieux pour être abandonné aux extrêmes, quels qu’ils soient. Et l’université ne peut se trouver otage de querelles partisanes. Il est inacceptable qu’une chercheuse soit menacée de mort pour des écrits sur les Frères musulmans. Qu’on l’approuve ou non, le travail de Florence Bergeaud-Blackler doit pouvoir être débattu dans le cadre universitaire, à l’abri de toute pression. S’agissant de l’islam, l’université française est manifestement dans l’impasse. Sous l’effet du terrorisme, l’arrière-plan idéologique a peu à peu pris la première place.

Le débat s’est cristallisé entre deux tendances devenues, au fil des ans, deux camps irréconciliables. Comme si le débat public devait se réduire à la querelle des « islamophobes » et des « islamo-gauchistes ». Notre pays, qui a une longue tradition de recherche sur le fait religieux, mérite mieux que ces simplifications. La société française connaît depuis quelques décennies un bouleversement démographique, avec l’augmentation rapide de la population musulmane sur son sol. Elle a plus que jamais besoin d’une université qui travaille à objectiver ce phénomène et ses conséquences, de manière dépassionnée, avec lucidité et sang-froid.

Le plus affligeant dans cette affaire, c’est la facilité avec laquelle certaines parties prenantes semblent tomber dans les pièges de l’époque, à commencer par le mélange des genres. Le rôle d’un chercheur, c’est d’offrir à ses contemporains des clés de compréhension du monde. Le rôle d’un dirigeant politique, c’est d’écouter, de prendre des positions et – si nécessaire – d’agir fermement. Si l’on n’élève pas le débat intellectuel sur l’islam, si on ne le sort pas d’urgence de l’instrumentalisation, on se condamne à regarder les fondamentalistes et l’extrême droite se faire la courte échelle."



Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris

Tous droits réservés © Comité Laïcité RépubliqueMentions légales