Revue de presse

D. Goodhart : « Ce sont ces élites frustrées qui alimentent le populisme de gauche » (Le Point, 30 juin 22)

David Goodhart, essayiste. 30 juin 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

David Goodhart, La Tête, la Main et le Cœur. La lutte pour la dignité et le statut social au XXIe siècle, éd. Les Arènes, 2020, 480 p., 20,90 e.

"L’essayiste David Goodhart explique la situation politique française par le biais de l’opposition entre gagnants et perdants de la mondialisation."

JPEG - 107.8 ko

"Il est des concepts qui font immédiatement mouche. Celui de l’opposition entre les « anywheres » (qui viennent de n’importe où) et les « somewheres » (qui viennent de quelque part) est de ceux-là. [...] Dans son livre Les Deux Clans (Les Arènes, 2019), l’écrivain britannique dépeint une société fracturée par l’accès aux bénéfices de la mondialisation. On trouve, d’un côté, ceux qui vivent dans les grandes villes, qui sont mobiles, et dont les emplois ne sont pas délocalisés, et, de l’autre, ceux qui souffrent d’une précarité à la fois identitaire et économique toujours plus forte.

La force de cette lecture est qu’elle s’applique au Royaume-Uni, mais aussi à la plupart des pays riches postindustriels, dont la France fait partie. Or cette division a des conséquences politiques évidentes, que David Goodhart nous aide à comprendre dans le cas des dernières élections législatives françaises. Pour lui, le vote populiste va continuer de prospérer tant que certains problèmes structurels n’auront pas été résolus. En particulier, il faudrait revaloriser les métiers manuels et cesser d’envoyer autant de monde à l’université : un problème dont il parle dans son dernier ouvrage, La Tête, la Main et le Cœur. La lutte pour la dignité et le statut social au XXIe siècle (Les Arènes). [...]


« Un des grands problèmes de notre époque, dont je parle dans La Tête, la Main et le Cœur, est que nous avons poussé trop d’individus à se former à des métiers intellectuels et académiques, et pas assez à entretenir et réparer tous les outils qui nous permettent de vivre dans une civilisation telle que la nôtre. Nous manquons de techniciens. Ce phénomène crée du ressentiment, à la fois chez ceux qui n’ont pas pu aller à l’université et chez ceux qui y sont allés, mais qui n’ont pas obtenu le genre d’emploi qu’ils espéraient. C’est ce que Peter Turchin appelle la « surproduction d’élites ». Ce sont ces élites frustrées qui alimentent le populisme de gauche, que ce soit aux États-Unis, au Royaume-Uni ou en France. Il est donc crucial de freiner cette production de travailleurs surqualifiés sans opportunités d’emploi. [...] »

Lire « Ce sont ces élites frustrées qui alimentent le populisme de gauche ».



Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
Voir les mentions légales