Jean-Yves Camus, politologue spécialiste de l’extrême droite. 28 juillet 2022
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"La commémoration du 80e anniversaire de la rafle du Vélodrome d’Hiver a été émaillée de polémiques indignes d’une journée d’hommage aux victimes de la Shoah. Il est hélas encore possible que, par ignorance ou calcul politique, certains puissent évoquer cette journée sans prononcer le mot « juif ». Nous en sommes arrivés au point où il faut rappeler cette évidence : la rafle visait des Juifs, elle ne visait qu’eux, en raison de leur judéité, selon une définition raciale qui incluait même les convertis à une autre religion.
L’enseignement de l’histoire n’est pas défaillant au point que nos responsables politiques ne connaissent pas l’existence du statut des Juifs et les responsabilités de l’État français dans la Shoah. C’est donc qu’il existe une gêne à écrire le mot « juif ». Je vise ici, bien sûr, le message de la députée LFI Mathilde Panot, qu’elle a justifié en rappelant qu’il faut « toujours continuer la lutte contre les théories et les idées d’extrême droite, racistes et antisémites ». Certes, mais comment lutter contre l’antisémitisme en omettant le mot « juif » quand on parle des victimes des rafles ? Et pourquoi ne fustiger que l’extrême droite, à laquelle n’appartiennent ni Mohamed Merah, ni Amedy Coulibaly, ni les assassins de Sarah Halimi et de Mireille Knoll ? Il est impossible de faire l’impasse sur la dimension antijuive de l’islamisme. On ne peut ignorer que l’antisionisme de l’ultragauche maquillait mal l’antisémitisme. Pour preuve, cette phrase d’Ulrike Meinhof, de la Fraction armée rouge allemande : « Six millions de Juifs furent tués et jetés au fumier de l’Europe parce qu’ils étaient des Juifs d’argent. » [...]"
Lire aussi dans la Revue de presse "Ils étaient juifs, madame Panot, juifs" (G. Konopnicki, Marianne, 21 juil. 22) (note du CLR).
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