Revue de presse

A. Shalmani : "La polémique Médine, c’est la gauche moisie ressuscitée" (A. Shalmani, L’Express, 31 août 23)

(L’Express, 31 août 23). Abnousse Shalmani, écrivain et journaliste. 4 septembre 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

JPEG - 10.5 ko

Lire "La polémique Médine, c’est la gauche moisie ressuscitée, par Abnousse Shalmani"

"La gauche qui n’est plus la gauche humaniste et universaliste nous a habitués à des complaisances perverses avec l’islamisme et des postures à la limite de l’antisémitisme : Jean-Luc Mélenchon qui refuse de faire une pause dans sa campagne de 2012 malgré les tueries commises par Mohammed Merah (qui, je le rappelle pour les distraits qui sont de plus en plus nombreux, a tué des militaires français qui semblaient "d’origine" donc traîtres, des enfants juifs dont une petite fille de 8 ans derrière laquelle il a couru pour l’exécuter à bout touchant) ; le même Mélenchon qui sous-entend qu’il y a toujours un "événement" qui détourne l’attention durant les campagnes électorales pour servir la victoire à la nébuleuse extrême droite (qui est partout sauf chez lui), sous-entendu Merah a été instrumentalisé de l’intérieur du pouvoir d’extrême droite, sous-entendu ses crimes n’existent que pour l’empêcher, lui Mélenchon, d’arriver au pouvoir ; Danièle Obono et Danielle Simonnet qui accueillent avec fierté et sourires le Britannique Jeremy Corbyn, mis au ban du Parti travailliste pour complaisance criminelle avec l’antisémitisme, mais qui, pour Mélenchon toujours, est victime du Mossad israélien ; La France insoumise tout entière qui fait les yeux doux à l’islamisme le plus crasse en suivant la doctrine Eric Coquerel qui a porté ses fruits avec plus de 70 % des Français musulmans ayant glissé un bulletin LFI dans l’urne ; l’inénarrable Houria Bouteldja qui, entre deux propos racistes, antisémites et homophobes qui ne lui sont jamais reprochés, félicite Mélenchon et ses disciples des efforts qu’ils font envers les "indigènes" qui haïssent ouvertement la France ; Jean-Luc Mélenchon toujours - d’ailleurs y a-t-il un autre pilote dans l’avion Nupes ? – qui insulte le très républicain président du Crif, Yonathan Arfi, en le reliant à l’extrême droite, etc.

Je pourrais continuer ainsi sur des pages et des pages à lister les saloperies à la juste frontière de l’antisémitisme judiciarisable auxquelles Mélenchon et les siens nous ont habitués depuis… le massacre de Charlie Hebdo en janvier 2015. Ce n’est pas seulement la peur qui a retourné le président fondateur de La France insoumise. Ce n’est pas seulement le crapuleux opportunisme politique. C’est encore pire. C’est l’islamisme qui a rouvert les vannes du bon vieil antisémitisme de gauche, célébré en son temps par Jean Jaurès qui, en avril 1895 va passer quelques jours de vacances en Algérie dont il rend compte dans La Dépêche de Toulouse, les 1er et 8 mai 1895, en constatant avec enthousiasme que "sous la forme un peu étroite de l’antisémitisme se propage en Algérie un véritable esprit révolutionnaire" ; et de broder sur la "puissance juive" et de saluer "l’usure juive" qui réconcilie contre elle "l’Européen et l’Arabe".

La gauche socialiste lie alors le juif au grand capital comme lors du Congrès international socialiste en 1891, où une motion pour le moins ambiguë arrachée par les dents par un délégué juif américain rejette "les excitations antisémitiques et philosémitiques". Jusqu’à l’affaire Dreyfus qui va créer une rupture entre la majorité des socialistes et l’antisémitisme, la gauche continuera de lier le juif à la Banque et au pouvoir corrompu.

Aujourd’hui les massacres commis par les islamistes, nouveaux alliés contre le capitalisme depuis la désagrégation du prolétariat, ont ressuscité un bon vieil antisémitisme de gauche, comme après l’expédition de Suez en 1956 puis la guerre des Six-Jours et du Kippour et la victoire israélienne qui font basculer le pays refuge en pays impérialiste - donc ennemi. L’antisionisme vient nourrir l’antisémitisme à la louche, Israël devient la nouvelle excuse à l’expression de l’antisémitisme, comme l’a écrit François Furet en 1978 : "L’Israélien vainqueur prend dans la configuration nouvelle la place qu’occupait le ploutocrate juif dans l’imaginaire de droite ou de gauche au XIXe siècle." Les islamistes ont déshonoré l’antisionisme.

Les dérapages de la nouvelle gauche n’en sont pas. L’antisémitisme à la frontière du délit s’inscrit dans la longue histoire de la gauche.

Avec la polémique Médine, la gauche atteint un niveau de délire inédit. Les écologistes, socialistes et Insoumis s’embrouillent le verbe pour défendre la venue d’un chanteur qui n’a jamais caché ses accointances avec l’islamisme antisémite et qui plaide la maladresse et l’ignorance. Facile, si facile. Et les gardiens du temple Mélenchon de renvoyer toutes critiques à la fachosphère. Facile, si facile. La polémique Médine, c’est la gauche moisie ressuscitée."



Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris

Tous droits réservés © Comité Laïcité RépubliqueMentions légales