Revue de presse

"A petits pas, l’exécutif tente de réinvestir les questions de laïcité" (lemonde.fr , 12 déc. 12)

14 décembre 2012

"[...] Le président de la République a annoncé, dimanche 9 décembre, la création d’un Observatoire national de la laïcité, initiative saluée par les tenants du camp laïque. Et, mardi 11, pas moins de trois ministres se sont succédé aux troisièmes rencontres de la laïcité, organisées par les députés socialistes à l’Assemblée nationale. [...]

M. Hollande l’avait rappelé dimanche, en remettant la légion d’honneur au spécialiste de la laïcité, le nonagénaire Emile Poulat : "La loi de 1905 n’est pas une loi comme les autres, qui peut être modifiée ; elle a fondé des principes immuables qui permettent de répondre aux questions du temps présent et à l’irruption de religions [dans la société], comme l’islam français."

"La gauche a trop longtemps abandonné l’amour de la patrie, la laïcité", a renchéri le ministre de l’intérieur, Manuel Valls, venu rappeler la "vigilance du gouvernement face aux intégrismes religieux". "Il faut occuper le terrain des valeurs, faire en sorte que les discours intégristes paraissent décalés et sectaires." M. Valls a aussi plaidé pour que "les questions religieuses soient abordées de manière apaisée et objective, en sortant de la polémique, du dévoiement et de la stigmatisation de l’islam".

Confrontée à l’opposition des responsables religieux et de nombre de croyants, la ministre de la justice, Christiane Taubira, s’est employée à démontrer la dimension "laïque et républicaine du mariage pour tous". Dimanche, M. Hollande, dans une allusion à ce texte, avait poliment rappelé que "le bien et le mal, les interdits, le licite et l’illicite existent en dehors des interprétations qu’en ont les cultes. Ce sont les législateurs qui en décident".

Pourtant, au-delà de ces déclarations d’intention, les réalisations du gouvernement demeurent timides. Annoncée il y a tout juste un an devant ce même cénacle d’élus et de militants associatifs, la promesse du candidat François Hollande d’inscrire les deux articles de la loi de 1905 dans la Constitution est en souffrance. Face au tollé suscité par cette annonce qui invalidait de fait le régime concordataire d’Alsace et de Moselle, où les collectivités locales peuvent financer les cultes, le programme présidentiel avait dû promettre de protéger le concordat.

Depuis, le gouvernement a pris acte des "incompatibilités juridiques et législatives" de cette proposition, pourtant présentée comme la mesure phare du quinquennat sur ces questions, et travaille à une solution acceptable. Les députés socialistes, dont certains sont partisans de la disparition du concordat, se sont aussi attelés à la tâche.

L’observatoire annoncé "pour 2013" par M. Hollande reprend, lui, les contours d’une structure définie en 2007 par le gouvernement de Dominique de Villepin, sans précisions sur les contenus de sa mission ou la personnalité qui en aura la charge. M. Hollande a juste indiqué qu’il "ferait aussi des propositions sur la morale laïque".

Devant un auditoire conquis, le ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon, a défendu son projet d’instaurer cet enseignement, "en 2014 ou en 2015". Mais, au-delà de la conviction philosophique selon laquelle "les valeurs de paix, de respect, de dignité, d’égalité hommes-femmes doivent être enseignées", le ministre ne s’est pas avancé davantage sur les contenus et la mise en oeuvre de cet enseignement, qui seront précisés en mars 2013 par la commission ad hoc. Devant le Haut Conseil à l’intégration, M. Peillon a par ailleurs annoncé, mardi, l’écriture d’une nouvelle charte de la laïcité adaptée aux établissements scolaires. Un tel texte est affiché dans les services publics depuis 2007.

Sans rentrer dans les détails, M. Valls a, lui, annoncé une "réorientation" des conférences départementales sur la liberté religieuse instaurées par le gouvernement précédent. Enfin, alors que le candidat Hollande s’était engagé à réécrire les décrets d’application de la loi Carle, qui, sous conditions, oblige un maire à payer les frais de scolarité d’un enfant de sa commune scolarisé dans l’établissement privé d’une autre ville, M. Peillon a avoué son "extrême prudence face à ce sujet complexe"."

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