(Le Monde, 29-30 oct. 23) 29 octobre 2023
[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"Trois semaines après l’assaut le plus ambitieux de l’histoire du mouvement islamiste, le mode opératoire se précise. Plus de 2 000 hommes ont pénétré sur le territoire israélien à travers 29 brèches pratiquées dans la barrière entourant la bande de Gaza. L’invasion, succès militaire, a débouché sur des atrocités commises contre des civils."
Lire "Attaque du Hamas : retour sur le 7 octobre, une journée en enfer en Israël".
"[...] Après la victoire militaire, l’attaque change de forme. Le carnage commence. Il s’annonce comme le plus terrible de l’histoire d’Israël. Selon des documents saisis par les civils et les forces de sécurité sur les corps des membres du Hamas, les objectifs étaient clairs : tuer le plus possible de personnes, ramener des otages, porter le combat au cœur du territoire israélien. Le Hamas a toujours assumé l’emploi de la violence, notamment au moyen d’attentats-suicides. Il ne fait pas de distinction entre civil et militaire, combattant et non-combattant, considérant l’« entité sioniste » – le mouvement n’a jamais reconnu explicitement l’existence d’Israël – comme une nation en armes. [...]
Le carnage commence tout de suite. Non loin de la base de Réim se tient un festival de musique électronique en plein air, Tribe of Nova. Plus de 3 000 personnes dansent encore, alors que le jour se lève et que le Dôme de fer, le système de défense antiaérien d’Israël, chasse dans le ciel les roquettes tirées par le Hamas. Des parapentes motorisés survolent l’assemblée. Ils appartiennent au Hamas. C’est l’une des innovations de cette attaque, qui se déroule par voies de terre, mer et air.
Si rien n’indique que les planificateurs de l’offensive aient été au courant de la fête, c’est une aubaine pour les assaillants. L’un d’eux avise les toilettes sèches, un alignement d’une douzaine de cabines en plastique. Il tire à travers les portes fermées de chacune d’entre elles, méthodiquement. Les festivaliers tentent de s’enfuir, de façon désordonnée. Les voitures, bloquées sur un parking, ne peuvent manœuvrer sur la route étroite. Impossible de se cacher dans cet espace ouvert, en plein jour. La rave se transforme en champ de tir : bilan provisoire, ici : 260 morts. [...]
Au bout de quelques minutes, les assaillants débutent leur équipée meurtrière. Ils tirent sur un motard. Ils pulvérisent une camionnette blanche au lance-roquettes. Ils abattent les passagers d’un petit fourgon. Mitraillent des personnes âgées qui attendent le bus. Soit une dizaine de personnes tuées en quelques minutes. [...]
Puis des combattants du Hamas s’infiltrent dans les kibboutz qui bordent Gaza, un morceau de l’histoire d’Israël. Ces localités ont été établies au lendemain de la seconde guerre mondiale, dans le cadre d’un plan de l’Agence juive dit « des onze points du Néguev ». Autant de communautés chargées d’assurer une présence juive en cas de partition de la Palestine.
L’assaut de chaque kibboutz est mené par un groupe de plusieurs dizaines d’hommes, qui disposent des plans de l’endroit, connaissent l’adresse des responsables et le dispositif de sécurité. Les services d’autodéfense de ces localités ne font pas le poids. A Kfar Aza, les assaillants tuent d’emblée le chef de la communauté, Ofir Lipstein. Et avec lui, quelques résidents sortis pour contre-attaquer.
« Ils ont été tués en premier. Nous étions réfugiés dans l’abri. Mais la porte ne fermait pas. Je l’ai bloquée avec la planche d’une étagère », se souvient Hanan Dann, installé depuis trois ans à Kfar Aza, pour profiter du grand air, à une heure de Tel-Aviv. [...]
Le temps passe. L’attaque tourne au massacre. Les Palestiniens infiltrés en Israël – des militants du Hamas en majorité, mais aussi du Jihad islamique, de groupuscules armés confidentiels, ainsi que de simples civils battent, lynchent, torturent, brûlent et assassinent. Dans des vidéos visionnées par Le Monde, sur des logiciels de messagerie comme Telegram ou lors d’une projection organisée par l’armée israélienne – filmées par des caméras placées sur le corps des combattants ou à l’intérieur des voitures, ainsi que par des systèmes de vidéosurveillance –, les violences présentent un niveau de cruauté inédit. [...]
De nombreuses vidéos font apparaître des signes de violences post mortem : des coups de poing, de pied et de couteau infligés à des cadavres de soldats. Des images montrent un assaillant piétiner le visage d’un militaire décédé : « Voilà pour vous, tueurs d’enfants », lâche-t-il, en référence aux mineurs tués dans la bande de Gaza durant les campagnes militaires israéliennes. Dans un enregistrement retrouvé par l’armée israélienne, un autre appelle ses parents, depuis le kibboutz de Mefalsim : « Je t’appelle du téléphone d’une Juive ! Je l’ai tuée, elle et son mari ! J’en ai tué dix de mes mains ! Ouvre WhatsApp et regarde comment je les ai tués ! », hurle-t-il.
Des dizaines de personnes ont été brûlées. Le docteur Chen Kugel, directeur du centre national israélien de médecine légale, témoigne : « Nous recevons beaucoup de sacs mortuaires remplis de membres qui n’ont pas été identifiés. Des corps ont été brûlés à plus de 700 degrés, ce qui m’invite à penser que de l’essence a été utilisée pour augmenter le brasier. Et certains ont été brûlés les mains liées, alors qu’ils étaient encore en vie, parce qu’il y a de la suie dans leur trachée-artère. » Les employés du centre ont découvert des têtes séparées des corps, sans pouvoir dire si elles l’ont été à la suite de décapitations ou lors d’explosions. [...]"
Voir aussi dans la Revue de presse le dossier Guerre Hamas-Israël (2023-24) dans Palestine dans Israël,
l’édito du président Le retour de la barbarie et des pogroms ? (G. Abergel) (note de la rédaction CLR).
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