Comité Laïcité République - La laïcité n’est pas une opinion, c’est la liberté d’en avoir une

Mardi 17 septembre 2019, la Ligue islamique mondiale coorganise à Paris, au Palais-Brongnart, ancien siège de la Bourse de Paris, une "conférence internationale pour la paix et la solidarité".

La Ligue islamiste mondiale, dont le secrétaire général est l’ancien ministre de la justice de l’Arabie saoudite, Mohammed Al-Issa, sous le ministère duquel le blogueur Raïf Badawi, récompensé par le CLR d’un prix international en 2018 [1], a été condamné à 10 ans de prison et 1 000 coups de fouets pour avoir manifesté sa liberté de conscience, et des dizaines de Saoudiens ont été décapités, veut aujourd’hui apparaître aux yeux du monde comme le parangon de la lutte contre le terrorisme et pour la paix.

On sait à quel point l’Arabie saoudite a joué et joue encore, justement à travers la LIM, un rôle majeur dans la diffusion d’un islam wahhabite rétrograde, obscurantiste, littéraliste, qui a inspiré les pires crimes terroristes de ces dernières décennies, des Twin Towers aux massacres qui ont ensanglanté la France.

Le Comité Laïcité République a appris avec étonnement non seulement que la France avait accepté que cette association puisse tenir une telle manifestation publique à Paris, mais encore que le président de la République et le Premier ministre étaient attendus pour respectivement l’ouvrir et la clôturer. Interpellés, l’un et l’autre ont assuré n’être pas au courant de cette annonce et ne pas avoir l’intention de se rendre à cette réunion. Nous regrettons qu’ils n’aient pas affirmé plus clairement et publiquement leur opposition à la tenue de cette manifestation. Nous espérons qu’aucun autre représentant de l’État ne légitimera par sa présence cet événement choquant.

Nous regrettons aussi, même si cela concerne surtout les cultes et leurs fidèles, dont beaucoup manifestent leur mécontentement et leur incompréhension, que les représentants des cultes, séduits par la soudaine conversion de la LIM à la paix et à la solidarité, sans que rien dans les actions de cette officine ne démontre la réalité de cet affichage, se prêtent à son jeu en envoyant leurs principaux dignitaires à cette conférence. En effet, le grand rabbin de France, le président de la Fédération protestante de France, l’archevêque émérite de Lille, l’imam de la mosquée de Bordeaux, ou encore le président de l’Assemblée des évêques orthodoxes de France, y ont annoncé leur participation.

Nous soulignons enfin l’erreur, la faute même, commise par la Fondation de l’islam de France (FIF), qui coorganise cet événement. Cette décision jette une ombre voire le discrédit sur les objectifs annoncés de cette association. Nous avons dénoncé en son temps l’engagement de l’État auprès de la FIF, dans un mouvement de type concordataire. Ce qui se passe aujourd’hui démontre le danger que représentent de tels liens.

Cet « œcuménisme instantané », accordant une confiance injustifiée à un organisme aussi sulfureux, est si surprenant que des représentants du culte musulman en France, peu suspects de souplesse vis-à-vis de la laïcité et du sécularisme de la République française et de la société, se sont eux-mêmes élevés contre la tenue de la conférence. Pour preuve, le président par intérim du CFCM, Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris, a déclaré que « l’instrumentalisation du dialogue inter-religieux dans notre pays par des organisations étrangères est un fait assez grave pour être dénoncé ».

C’est pourquoi le CLR appelle à participer à la manifestation qui se tiendra demain à 9 heures 30 devant le Palais-Brongnart, en compagnie de nombreuses associations laïques et en présence de Mme Ensaf Haïdar, compagne de Raïf Badawi, venue tout spécialement du Canada où elle réside, pour dénoncer le double langage de la LIM et de son président.

Comité Laïcité République
le 16 septembre 2019.