30 septembre 2017
Au printemps dernier, le Comité Laïcité République et d’autres associations laïques avaient vigoureusement protesté contre la tenue des journées d’étude des 19 et 20 mai à l’Espé de Créteil sous le titre « Penser l’intersectionnalité dans les recherches en éducation ».
Les saisons se suivent et se ressemblent. Nous apprenons que le 14 octobre prochain, l’Université de Lyon 2 et son ISERL (Institut supérieur d’étude des religions et de la laïcité) organisent un colloque dont le titre est à lui seul la promesse d’un accablant programme : « Lutter contre l’islamophobie : un enjeu d’égalité ? ». Rappelons que l’ISERL est la cheville ouvrière des Assises des religions et de la laïcité en Auvergne-Rhône-Alpes, dont le simple intitulé révèle la confusion volontairement entretenue sur le principe constitutionnel de laïcité.
Nous constatons une fois de plus qu’une partie de l’université française, au nom d’une culpabilité postcoloniale remâchée et d’une conception sociologique victimaire de l’Histoire, est prête à rejeter les idéaux d’émancipation, d’universalisme et d’intégration pour flatter le communautarisme et soutenir l’irruption dans la société des exigences religieuses.
Que dire de la participation à ce colloque de personnages tels qu’Abdelazziz Chaambi, ancien dirigeant des Indigènes de la République-Lyon, fondateur des éditions Tawhid qui publient la propagande des Frères musulmans, accessoirement fiché S. Ou Djamila Farah, responsable de la CRI (Coordination contre la racisme et l’islamophobie), militante acharnée contre la loi de 2004 sur les signes religieux à l’école, pour le rétablissement du délit de blasphème et dont l’association s’affirme proche des frères Ramadan et de Hassan Iquioussen, le "prêcheur des cités" ; elle s’est présentée en France aux élections législatives sous l’étiquette du Parti Egalité Justice du président Erdogan - ce parti réclame un moratoire sur la laïcité, l’interdiction du blasphème, le port du voile à l’école et veut lutter contre le « libertinage de la société française ».
Nous citerons encore Lila Charef, co-directrice du CCIF, ou François Burgat, de l’Université d’Aix-Marseille, dont on connaît les positions antilaïques.
Ne laissons pas de côté Souhail Chichah, désormais rattaché à l’Université de Lyon 2, dont on rappellera que lorsqu’il était professeur à l’Université libre de Bruxelles il fit partie des perturbateurs qui vinrent interdire par la violence à Caroline Fourest de tenir une conférence, et Ismahane Chouder, membre du parti islamiste marocain Adi Wal Ihsan, favorable à la non-mixité et au séparatisme, porte-parole de la « marche de la dignité » appelant à la « lutte des races »…
Comme vous l’aurez constaté, la liste des participants ne laisse aucune place à la controverse et au débat contradictoire, fondements du travail universitaire.
Nous notons avec accablement l’intervention lors de cette journée de Jean-Michel Ducomte, ancien président de la Ligue de l’enseignement, et la communication écrite envoyée par Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire de la laïcité, qui une fois de plus entraîne en un combat douteux l’organe dont il est le responsable…
Nous aimerions croire qu’une université qui a connu le déplorable épisode Faurisson, chef de file des négationnistes, aurait appris de ses errances passées, pour ne pas remplacer une forme d’extrémisme par une autre…
Nous pensons que la liste éloquente des intervenants, et particulièrement, la présence parmi eux d’un « fiché S » aurait dû suffire à ce que la présidence de l’Université Lumière refuse la programmation d’un tel spectacle. Il est encore temps qu’elle l’annule.
Il est tristement symbolique que le mot Lumière, même si c’est ici le nom des inventeurs du cinéma, soit associé à ce naufrage de la pensée.
Comité Laïcité République
le 30 septembre 2017.
Lire aussi C. Pina : "Jean-Louis Bianco et le drôle de colloque sur « l’islamophobie d’État »" (lefigaro.fr/vox , 28 sep. 17), "La formation des enseignants doit demeurer laïque" (Collectif laïque, 2 juin 17), L’"intersectionnalité" à l’Espé de Créteil : réponse à L’Obs (22 mai 17), Espé de Créteil : le ministère et la rectrice répondent au CLR (15 mai 17), Une manifestation antilaïque et antirépublicaine à l’Espé de Créteil (CLR, 10 mai 17), La confusion règne toujours à l’Espé de Créteil (CLR, 16 mai 17), Les idées racialistes, séparatistes, antilaïques et antirépublicaines diffusées au sein de l’ESPE de l’académie de Créteil (CLR, 12 mai 17) (note du CLR).
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