Revue de presse

"Cultes : hérité de l’histoire, le modèle alsacien-mosellan intéresse Paris" (Le Figaro, 4 mars 15)

6 mars 2015

"Tandis que le gouvernement est à la recherche de pistes pour mieux organiser le dialogue avec l’islam, Roland Ries, le maire PS de Strasbourg, a profité du déplacement de Manuel Valls en Alsace mardi pour rappeler les bienfaits du régime concordataire.

Obsolète, le droit local des cultes alsacien-mosellan ? Avec le débat sur la laïcité qui s’est instauré en France après les attentats de Paris, le régime concordataire, héritage de l’histoire, reprend une singulière actualité. Certes, il ne peut être dupliqué. Mais « l’esprit de dialogue interreligieux est transposable », suggère le maire PS de Strasbourg, Roland Ries, au moment où ses amis du gouvernement recherchent des pistes pour organiser le dialogue avec l’islam. Il n’a pas manqué de le rappeler, mardi, à Manuel Valls, d’autant que la défense de ce droit des cultes fait largement consensus en Alsace, y compris parmi les non-pratiquants. C’est aussi un point d’accord entre la droite et la gauche. Même s’il irrite les tenants de la laïcité.

Englobant le Concordat napoléonien de 1801 et les articles organiques régissant les cultes luthérien, calviniste et israélite, ce régime spécifique a été maintenu dans l’Empire allemand entre 1871 et 1918. Après le retour à la France, la loi de 1905n’a pas été appliquée en Alsace-Moselle. Saisi en 2012 d’une question préalable de constitutionnalité sur la rémunération des pasteurs - mais les curés et les rabbins étaient visés par ricochet -, le Conseil constitutionnel l’a jugé conforme à la Constitution. Tout en excluant tout élargissement de son périmètre.

Dans les faits, les musulmans sont associés aux différentes démarches des représentants catholique, protestant et juif. Tous ont défendu, devant l’Observatoire de la laïcité, le régime concordataire, en souhaitant « une amélioration du statut pour les musulmans ». Ils ont proposé la suppression du « délit de blasphème ». C’était à la veille des attaques contre les caricaturistes de Charlie Hebdo. Lors de la période trouble qui a suivi, les pouvoirs publics se sont appuyés sur le comité interreligieux - unique en France - mis en place en 2004 sous l’égide du conseil régional pour défendre le vivre ensemble.

« Nous sommes des facilitateurs pour permettre le dialogue entre les religions et organiser des manifestations », explique Philippe Ichter, pasteur en disponibilité, rattaché au cabinet du président Philippe Richert. Il n’est pas anodin d’entendre Mgr Jean-Pierre Grallet, le président protestant Christian Albecker, le grand rabbin René Gutman et l’imam Abdelhaq Nabaoui partager leurs inquiétudes et leurs espoirs, lors de moments de forte tension au niveau national ou international. Tous étaient présents aussi - y compris les orthodoxes et les bouddhistes - lors des différentes cérémonies en hommage aux victimes de Paris. Pour la première fois, une délégation participera, en avril, à la Marche des vivants à Auschwitz. Mais les Assises de l’interreligieux se sont fixé comme mot d’ordre : « Fraternité : passer des mots aux actes. »

« Nous ne voulons pas que le culte musulman soit utilisé pour remettre en cause le droit local des cultes alsacien-mosellan. Nous demandons simplement quelques facilités au nom du principe d’égalité », assure Abdelhaq Nabaoui, aumônier général des hôpitaux de France, vice-président du conseil régional du culte musulman (CRCM) d’Alsace, qui représente 140 mosquées et salles de prière. Il vise la construction de lieux de culte, même si les communes peuvent mettre à la disposition des associations de droit local des terrains par bail emphytéotique, avec des subventions d’environ 20 % des différentes collectivités.

Autre demande récurrente, rappelle-t-il, « des cours pour expliquer aux enfants les fondements de la religion musulmane », à l’instar de l’heure d’enseignement obligatoire intégrée dans le cursus scolaire - sauf dérogation - pour les catholiques, protestants et juifs. Cette question pourrait se régler dans le cadre de la loi Falloux, toujours en vigueur dans les trois départements. L’ancien responsable des cultes au ministère de l’Intérieur, Alain Boyer, suggère qu’elle relève de l’enseignement du fait religieux, « ce qui permettrait d’avancer rapidement ». Quant à la formation des imams, l’université de Strasbourg, avec ses deux facultés de théologie catholique et protestante, cas unique en France, offre des possibilités d’adaptation, même s’il y a eu des blocages par le passé."

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