Revue de presse

Youcef Brakni, "l’indigéniste qui chuchote à l’oreille d’Assa Traoré" (lepoint.fr , 30 juin 20)

5 juillet 2020

[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Youcef Brakni, porte-parole du comité « La vérité pour Adama » et identitaire revendiqué, a gagné la confiance de sa sœur Assa. Au point de la manipuler ?

Par Nadjet Cherigui

Depuis le 2 juin, le comité « La vérité pour Adama » (du nom de ce jeune homme de 24 ans, Adama Traoré, décédé en juillet 2016 à Beaumont-sur-Oise après son interpellation par les gendarmes) multiplie les manifestations, les déclarations dans les médias, inaugure une fresque avec la ville de Stains dénonçant les violences policières et le racisme, pour se retrouver le 20 juin dernier, place Nelson-Mandela, à Bagnolet. Hélène Zanier, habitante de la ville, se dit consternée par cette initiative. Militante laïque, républicaine et écolo, cette activiste locale historique en est certaine, derrière le discours défendant la cause d’Adama Traoré se cache celui, racialiste et identitaire, des indigénistes déjà bien implantés dans la ville de Bagnolet. Hélène fustige les déclarations du comité « La vérité pour Adama », qu’elle qualifie de mensongères. « Adama Traoré n’a pas été interpellé à cause de sa couleur de peau, peste-t-elle, mais dans le cadre d’une enquête, et il a résisté aux gendarmes. Je m’interroge également sur les motivations de ces gens s’agglutinant autour de ce faux héros. » La militante cite notamment Youcef Brakni, originaire de Bagnolet, ancien membre du Mouvement islamique de libération, proche des indigénistes, et aussi porte-parole du comité « La vérité pour Adama. « En écoutant parler Assa Traoré, je reconnais les mots de Youcef Brakni, affirme Hélène Zanier. C’est lui l’idéologue et il lui souffle à l’oreille son propre discours stéréotypé répété en boucle depuis des années, ici à Bagnolet, sur la discrimination, le racisme et l’oppression dont seraient systématiquement victimes les personnes issues de l’immigration. Cette posture est pour lui un moyen de servir ses ambitions politiques, car il n’a en réalité aucune conviction. Un jour, j’ai demandé à Youcef, qui est prof d’histoire-géo, en quoi il s’estimait discriminé ? Il a pris un long moment pour réfléchir avant de me répondre : “Je ne suis pas propriétaire.” Cet argument est ridicule et c’est le cas de nombreux Français sans distinction d’origine. Il est frustré, jaloux, mais pas victime de discrimination. »

Même constat pour Marie-Laure Brossier. Ancienne élue locale de Bagnolet, elle a subi en plein conseil municipal des insultes et des menaces de la part de Youcef Brakni. Elle l’a attaqué en justice pour diffamation en 2015 et il a été condamné. Marie-Laure Brossier témoigne du travail de terrain mené, selon elle, depuis de nombreuses années par les indigénistes dans sa ville. « Brakni impose sa présence constamment dans la politique locale et au-delà, lâche-t-elle. Cet homme cumule plus de dix années d’un activisme forcené avec une obsession de la thématique racialiste et indigéniste. Il est toujours en embuscade sur ces sujets. Organisateur du “Printemps des quartiers” à Bagnolet en 2012, il a réuni les têtes de pont de ce mouvement. À cette occasion, Houria Bouteldja, une autre figure indigéniste, a affirmé publiquement “Mohamed Merah, c’est moi”, pour exprimer sa solidarité avec le terroriste qui avait fait 7 morts lors des tueries de Toulouse et Montauban quelques jours auparavant. Cet homme se sert du comité “La vérité pour Adama” comme d’un marchepied pour diffuser son discours. Il veut s’en servir comme d’un réceptacle pour mener ses prochains combats. »

En France, le comité « La vérité pour Adama » s’appuie sur la mort de George Floyd, cet Afro-Américain tué par un policier blanc raciste, pour transposer, ici, le mouvement des « Black Lives Matter » et relancer, par la voix d’Assa Traoré, sœur du défunt Adama Traoré, la mobilisation pour dénoncer une police française qui serait tout aussi raciste et violente qu’outre-Atlantique. Une stratégie qui ne convainc guère Rachid*. Ce jeune homme a grandi avec Youcef Brakni dans la même cité de Bagnolet. Il se désespère de l’actualité et des déclarations du porte-parole du comité « La vérité pour Adama ». Rachid est pourtant un militant actif depuis de nombreuses années. Il connaît les difficultés de ces habitants et partage au moins avec l’activiste le même constat. « Les inégalités sont une réalité, insiste-t-il, mais on ne peut pas y répondre par un discours raciste. Son combat, il le mène d’abord pour lui-même. Il est fan des médias, fait beaucoup d’esbroufe et de bruit, mais peu d’actions sur le terrain. Je l’ai observé fonctionner depuis de nombreuses années. Il est l’homme de tous les combats et, finalement, d’aucun. De la cause berbère, étudiante, palestinienne ou musulmane, il passe de l’une à l’autre pour faire parler de lui. Aujourd’hui, on le retrouve dans le comité « La vérité pour Adama » et il parle pour Assa Traoré. Il s’est façonné un parcours de persécuté, de discriminé qu’il n’a en réalité jamais vécu. Il est toujours dans la victimisation. Si on s’oppose à lui, c’est toujours forcément du racisme et il ne se dit jamais que c’est parce qu’il est con. Il est une nuisance pour le véritable combat contre les discriminations. »

Présent au « Printemps des quartiers », l’événement organisé par Youcef Brakni en 2012, Rachid se souvient des interventions publiques de cet homme qui prenait la parole en commençant par une invocation religieuse. « On est tous là pour parler des problèmes dans les cités et lui y impose la religion pour manipuler l’opinion et le public et tenter de fédérer autour de l’islam. Dans les quartiers, il n’y a pas que des musulmans et on a toujours vécu ensemble avec les différences. »

Martin* lui aussi est né et a grandi en Seine-Saint-Denis. Très engagé auprès de la jeunesse de ces quartiers difficiles, il a beaucoup travaillé sur le terrain pour, dit-il, « donner un coup de pouce et l’aider à avancer ». Il a, lui aussi, rencontré Youcef Brakni tout au long de son riche parcours de militant amorcé au tout début des années 1990. Et ses mots pour le décrire ne sont pas tendres : « Brakni, c’est simple. Ce qui l’intéresse, c’est sa gueule. Comme Assa Traoré, il ne veut rien d’autre que sa tronche sur le poster en noir et blanc pour créer son propre mythe. Assa Traoré, que je connais aussi, n’a pas ouvert beaucoup de livres dans sa vie. Elle a besoin d’un discours tout prêt et Brakni lui chuchote à l’oreille son message de haine qu’elle répète comme un perroquet. Il n’y a qu’à écouter son débit lors de ses interventions. Il est mécanique parce qu’elle apprend par cœur son texte. Tous deux ne sont motivés que par l’envie de briller comme dans un show de télé-réalité. Elle se prend pour la nouvelle Angela Davis et lui rêve d’un destin politique. »

Après l’intervention de Youcef Brakni aux côtés d’Assa Traoré à Bagnolet, place Nelson-Mandela, le 20 juin dernier, Rémi*, proche collaborateur de l’actuel maire (PS), s’inquiète de l’entrisme des indigénistes dans les instances de la ville au lendemain des élections et souligne l’omniprésence de Brakni et de nombreux activistes. Ils se sont érigés en porte-voix et considèrent qu’ils ont leur mot à dire sur tout. « Tony Di Martino, le maire, s’est retrouvé en difficulté pour le second tour. » Rémi l’affirme, l’actuel édile, réélu le 28 juin dernier, a manœuvré il y a quelques mois pour torpiller la candidature d’Édouard Denouel à la tête d’une liste citoyenne de gauche très proche des indigénistes de Bagnolet et de Youcef Brakni. « Je suis sûr de cela, car j’ai moi-même rédigé ce courrier à la demande de Toni Di Martino et à l’attention de l’employeur d’Édouard Denouel, qui est cadre de la fonction publique. L’objectif était de dénoncer ses petits arrangements avec les indigénistes. Aujourd’hui, Di Martino a retourné sa veste et s’est allié à Denouel pour gagner des voix au second tour. Cette alliance contre nature est une façon de faire allégeance aux indigénistes proches de Brakni et de leur ouvrir les portes de la mairie. L’approche communautariste de cet individu et de ses amis est un danger. »"

Lire "L’indigéniste qui chuchote à l’oreille d’Assa Traoré".


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