“Yazid Sabeg, l’ovni de la diversité” (Le Monde, 6 fév. 10)

7 février 2010

"Commissaire sans administration ni budget, il s’est appuyé sur ses réseaux et sa liberté de ton pour faire évoluer le dossier des statistiques ethniques

Le commissaire à la diversité et à l’égalité des chances est un ovni en politique. Personne ne sait d’ailleurs comment présenter Yazid Sabeg, qui devait rendre public, vendredi 5 février, le rapport demandé à un comité d’experts sur l’utilisation de statistiques ethniques en France. Ni membre du gouvernement ni haut fonctionnaire, il est officiellement « chargé de mission » auprès du premier ministre, désigné par décret en décembre 2003 pour une durée indéterminée. Mais l’originalité de sa position dépasse largement les questions de statut. Dans un système gouvernemental où les critiques contre Nicolas Sarkozy et ses choix politiques sont jugées à haut risque, lui n’a jamais hésité à faire sentir publiquement sa différence.

Y compris à travers des interviews sur des dossiers très sensibles. Le débat sur la burqa ? « Un nouveau piège tendu à notre pays », un « calcul électoraliste » (La Croix). Le débat sur l’identité nationale ? « Un déversoir et un défouloir » (Le Journal du dimanche). La politique de la ville de Fadela Amara ? « Une succession d’avatars » (Le Monde). Les tracasseries administratives faites aux Français nés à l’étranger pour justifier de leur nationalité ? « Je n’hésiterai pas à interpeller Nicolas Sarkozy là-dessus : comment lui, à moitié hongrois, ferait-il aujourd’hui pour démontrer qu’il est français ? »

Yazid Sabeg, 60 ans, est devenu un homme politique sur le tard. Après des années passées dans les affaires et l’industrie, comme patron de Communication et Systèmes, l’ancienne Compagnie des signaux, il apparaît sur la scène publique en 2004 en écrivant Les Oubliés de l’égalité des chances, où il présente, pour le compte de l’Institut Montaigne, ses propositions pour rénover le modèle républicain, Le début de son engagement pour la cause de la diversité.

Mais le commissaire n’a pas acquis tous les réflexes des hommes politiques. Il préfère l’influence discrète aux signes extérieurs du pouvoir ministériel. Il n’a pas d’administration ni de budget ? Il affirme s’en moquer : « Ça me donne ma liberté. Les forces de changement ne sont pas aujourd’hui dans l’appareil d’Etat, même s’il y a des gens très bien. Ce qui compte, ce n’est pas défaire voter une loi mais défaire bouger les idées. » Il ne participe pas au conseil des ministres ? « C’est de toute façon un lieu très formel où personne ne parle après le président. La politique se fait ailleurs, dans les comités interministériels, avec le secrétaire général de l’Elysée ou le président. » Il ne cherche pas à être élu ? « De cette façon, Je n’ai aucun pré carré à défendre. »

Yazid Sabeg privilégie les réseaux qu’il a tissés avec les années dans les univers intellectuels, politiques, économiques, médiatiques. « Un des plus beaux carnets d’adresses de la République », écrivait déjà L’Expansion en 2005. « Un bon réseau, c’est capital C’est aussi important que d’avoir un groupe parlementaire », résume-t-il crûment."

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