Patrick Kessel, président d’honneur du Comité Laïcité République. 6 novembre 2018
Chers amis, bonjour
Trente ans après la création du Comité Laïcité République, ainsi que nous le craignions alors, la laïcité fragilisée doit faire face à des attaques multiples.
Le Comité Laïcité République a toujours apporté son soutien à ceux qui, tels Charb et ses amis de Charlie, ne cèdent pas aux pressions et à la peur. Il poursuit cette mission dans la continuité, sous la présidence de Jean-Pierre Sakoun. Mais il faut constater que le débat d’idées est devenu difficile, âpre, que les attaques personnelles sont violentes qui veulent imposer une forme d’autocensure.
Le jury du Grand Prix National de la Laïcité 2018 a choisi d’honorer un homme qui ose nommer les choses, quitte à affronter certaines formes de vindictes, à être calomnié, injurié. Guy Béart chantait : "Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté."
Le lauréat est né au Maroc en 1952. Il a fait ses premières études à l’école primaire du boulevard de Belleville à Paris et les terminera par un doctorat d’histoire sous la direction d’Albert Soboul, le grand historien de la Révolution française.
Professeur détaché auprès du Mémorial de la Shoah, il élargit son champ de réflexion à l’histoire culturelle européenne, à l’histoire du sionisme et aux derniers juifs en terre arabe.
Témoin d’une société dont les banlieues sont rongées par le communautarisme, l’antisémitisme et le sexisme, il dirige en 2002 la publication des Territoires perdus de la République, qui va faire date.
Lauréat de plusieurs distinctions pour certains de ses livres, il obtient le prix de la Fondation du judaïsme en 2009.
A la suite de l’émission de radio Répliques d’Alain Finkielkraut sur France-Culture, le 10 octobre 2015, il est violemment attaqué notamment par les indigénistes, le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) et certaines associations dont on connait l’appétence pour le communautarisme. Elles saisissent l’opportunité d’une citation mal rapportée et sortie du contexte pour jeter le discrédit sur un historien rigoureux et sur ses travaux.
L’auteur peut bien expliquer que s’il souligne la montée et la banalisation d’une nouvelle forme d’antisémitisme dans certains milieux de culture arabo-musulmane, cela ne fait pas de lui un essentialiste. En d’autres termes, selon la formule de l’éditorialiste Jacques Julliard, tous les musulmans ne sont pas antisémites et tous les antisémites ne sont pas musulmans. Mais le mal était fait.
Car ce que combattent ses principaux détracteurs, ce sont ses travaux sur le recul républicain sous les coups de boutoir du communautarisme. Ainsi est-il devenu à son tour une cible emblématique d’une véritable chasse aux combattants laïques, accablés par d’incessantes poursuites devant les tribunaux.
Le procès n’est pas achevé. Boualem Sansal, Kamel Daoud, Fethi Benslama ont témoigné en sa faveur. La justice a tranché et lavé notre ami de toute accusation. Mais le dossier est en cassation.
Il est temps de lui rendre l’hommage qu’il mérite pour son courage, sa persévérance, son engagement en faveur des principes républicains, de l’universalisme des Lumières et de la laïcité.
C’est pourquoi, j’ai le plaisir d’annoncer que le Jury a décerné le Grand Prix National de la laïcité, édition 2018, à Georges Bensoussan.
Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
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