(Le Monde, 8 mars 24) 7 mars 2024
[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"La commission d’enquête parlementaire créée après l’assassinat de Samuel Paty insiste sur la nécessité de restaurer l’autorité de l’institution scolaire.
Par Minh Dréan
[...] Trente-huit recommandations sont formulées. Tout d’abord, il s’agit de promouvoir la laïcité au sein des établissements scolaires. Le rapport préconise une meilleure formation des personnels d’éducation, et recommande l’élargissement de l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires « à toute activité organisée par l’institution scolaire, y compris en dehors du temps scolaire (sorties tard le soir, assister à une cérémonie de remise des diplômes…) ». La présentation de ce rapport sénatorial intervient seulement quelques jours après les menaces de morts proférées en ligne à l’encontre du proviseur du lycée Maurice-Ravel, dans le 20e arrondissement de Paris.
Lors de son déplacement au sein de l’établissement, mardi 5 mars, en compagnie de la ministre de l’éducation nationale, Nicole Belloubet, la directrice de l’académie de Paris, Valérie Baglin-Le Goff, citée par l’Agence France-Presse, a rappelé les faits. Le 28 février, le proviseur du lycée a demandé à trois élèves d’ôter leur voile, « l’une d’entre elles a ignoré les consignes du proviseur, qui lui a mis une main sur le dos pour lui signaler qu’elle avait quelqu’un derrière elle ». « Il n’y a eu aucune violence, contrairement à ce que certains médias ont relayé », assure-t-elle, alors que des messages ont circulé sur les réseaux sociaux rapportant que le proviseur aurait giflé l’élève.
D’après le parquet de Paris, l’élève a déposé plainte pour violences n’ayant pas entraîné d’incapacité de travail. Le proviseur a, lui, déposé plainte pour acte d’intimidation. Le parquet a confirmé l’ouverture d’une enquête pour cyberharcèlement. Cette affaire a eu un fort écho dans la communauté éducative et une centaine de chefs d’établissements se sont réunis, lundi 4 mars, devant la Sorbonne à Paris, pour afficher leur soutien envers leur collègue.
Une autre problématique est soulevée par les deux sénateurs : la présence de plus en plus marquée des parents d’élèves. « Il est urgent de rappeler qu’au sein des établissements, il n’y a pas de partage de l’autorité, et que ce sont bien les personnels d’éducation qui sont chargés de la faire respecter », estime Laurent Lafon. Il souhaite la signature d’une charte à destination de ces derniers.
Sur le volet « sécurité des établissements et des personnels d’éducation », les deux sénateurs souhaitent une meilleure coordination entre l’administration, les forces de sécurité et la justice. Afin de rendre les dispositifs administratifs et policiers plus efficaces, ils estiment qu’il faudrait rendre automatique l’octroi de la protection fonctionnelle. L’administration aurait, dans un second temps, la faculté de la retirer.
François-Noël Buffet et Laurent Lafon notent que si trois quarts des demandes sont accordés aux enseignants, les délais restent encore « trop longs ». En 2022, 3 733 demandes de protection fonctionnelle ont été formulées par le personnel de l’éducation nationale, dont 80 % par le personnel enseignant du premier et du second degrés. Le premier motif de demande correspond aux cas d’atteinte volontaire à l’intégrité de l’agent.
Une autre recommandation du rapport reprend une annonce formulée en 2019 par le ministre de l’éducation nationale de l’époque, Jean-Michel Blanquer, qui préconisait la création de structures dédiées pour les élèves perturbateurs et poly-exclus. [...]"
Voir aussi dans la Revue de presse le dossier Profs menacés dans Atteintes à la laïcité à l’école publique dans Ecole (note de la rédaction CLR).
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