Revue de presse

"Un bon fasciste est un fasciste poilu" (G. Biard, Charlie Hebdo, 26 juin 24)

(G. Biard, Charlie Hebdo, 26 juin 24). Gérard Biard, rédacteur en chef de "Charlie Hebdo" 2 juillet 2024

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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Lire "Un bon fasciste est un fasciste poilu".

C’est une manif qui n’a pas beaucoup intéressé la gauche unie. Pourtant, les organisatrices, La Ligue du droit international des femmes (LDIF) et la Fondation Anne-Marie-Lizin, avaient tout bien fait comme il faut : rendez-vous le dimanche 23 juin, à 14 h 30, place de la Bastille, pour manifester contre l’extrême droite. Plus précisément contre le totalitarisme politico-religieux, qui impose sa loi jusqu’au sein du Comité international olympique (CIO), obligeant les quelques rares athlètes féminines représentant les théocraties islamistes à se couvrir la tête et le corps, au mépris de l’article 50.2 de la Charte olympique, qui interdit toute « démonstration ou propagande politique, religieuse ou raciale […] dans un lieu, site ou autre emplacement olympique ». Le mot d’ordre du Collectif Paris 2024 était donc sans ambiguïté : « Appliquez la Charte olympique ! Solidarité avec les Afghanes et les Iraniennes contre l’apartheid entre les femmes et les hommes. »

Mais, on le sait, cette extrême droite-là, qui n’arbore pas une flamme tricolore mais un turban et une barbe, ne suscite guère l’indignation très sélective des « antifas » autoproclamés et des porteurs d’espoir insoumis. Rien d’étonnant, d’ailleurs, puisqu’ils partagent souvent le même lit. Au point que, désormais, la reine indigéniste Houria Bouteldja est en pleine pâmoison idéologique devant Mélenchon et sa clique d’affidés, le félicitant même pour ses purges exemplaires de « députés de l’aile droite et ultra-laïcarde (sic) de la FI »…

Au pied du mur
Dans quelques petits jours, par la grâce capricieuse de Son Altesse Nombrilissime Emmanuel Macron, nous serons de nouveau amenés à voter. La gauche s’est rassemblée dans un bric-à-brac idéologique plus qu’incertain – et passablement discutable -, poussée par l’urgence d’empêcher, coûte que coûte, la victoire du Rassemblement national à ces législatives organisées en catastrophe. De nombreux électeurs de gauche ne se résoudront à avaler la couleuvre de ce Nouveau Front populaire pas regardant sur le pedigree et les idées faisandées de certains de ses candidats que pour cette seule raison : la promesse faite, « tous ensemble, tous ensemble », de lutter contre l’extrême droite.

Seulement voilà, nous sommes arrivés au pied du mur. Cette promesse, la seule capable de faire office de ciment à prise rapide, il va falloir la tenir, car c’est peut-être la dernière que la gauche aura l’occasion de faire avant d’être définitivement décrédibilisée si elle s’y dérobe. Et il va falloir la tenir fermement, sans faire un tri plein de sales arrière-pensées entre les extrêmes droites, celles qu’il faut combattre parce que blondes, et celles qu’il faut ménager, cajoler, voire soutenir, parce que poilues. On ne peut pas à la fois demander la dissolution du GUD et souhaiter la victoire du Hamas. Le fascisme se combat en bloc, qu’il soit brun ou vert, qu’il chevauche le destrier de sainte Jeanne d’Arc ou qu’il enfourche le cheval ailé du Prophète.

Lutter contrer l’extrême droite, c’est s’opposer au totalitarisme, à l’obscurantisme, au racisme et à l’antisémitisme, au patriarcat, aux violences faites aux femmes et aux filles, à l’homophobie, à la haine identitaire, partout où ces fléaux sévissent, sans aucune exception, à Saint-Cloud comme à Saint-Denis. C’est refuser de s’acoquiner, au nom d’une hypocrite intersectionnalité des luttes – jadis on disait convergence -, avec ceux qui promeuvent une idéologie qui, dans les pays où elle s’exerce, fait régner l’arbitraire et la terreur. Des pays où les grues servent moins à construire de pimpants immeubles neufs qu’à y pendre les opposants, les femmes libres, les journalistes, les « sionistes » et les blasphémateurs. Sans ce refus clair et net, le barrage au fascisme n’est qu’une promesse en l’air de plus. Et celle-là pourrait bien ne pas pardonner.



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