11 août 2014
"Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan remporte l’élection présidentielle prolongeant de cinq ans son règne à la tête du pays, malgré les mises en garde de ses adversaires sur sa dérive autoritaire.
Cette victoire constitue un succès personnel pour le chef du gouvernement, au pouvoir depuis 2003, qui rejoint ainsi le père fondateur de la République moderne et laïque, Mustafa Kemal Atatürk, parmi les dirigeants les plus emblématiques du pays.
Grand favori de ce scrutin, M. Erdogan a déjà fait savoir qu’il conserverait les rênes de la Turquie depuis la présidence, dont il veut considérablement renforcer les prérogatives au prix d’une réforme de la Constitution.
"Le président élu et le gouvernement élu oeuvreront main dans la main", a souligné dimanche le chef du gouvernement en glissant son bulletin dans l’urne dans un bureau de vote d’un quartier de la rive asiatique d’Istanbul. [...]
Paradoxalement, le triomphe de M. Erdogan intervient au terme d’une année politique très difficile pour son camp.
En juin 2013, des millions de Turcs ont dénoncé dans les rues sa dérive autoritaire et islamiste. La sévère répression de cette révolte a sérieusement écorné l’image du régime.
L’hiver dernier, c’est un scandale de corruption sans précédent qui a éclaboussé le pouvoir. M. Erdogan a dénoncé un "complot" de son ex-allié islamiste Fethullah Gülen, avant de purger la police et de museler les réseaux sociaux et la justice.
Mais, même contesté comme jamais, Recep Tayyip Erdogan a remporté les élections locales de mars et reste très populaire dans un pays qu’il a débarrassé de la tutelle de l’armée et dont la majorité religieuse et conservatrice a profité de la forte croissance économique sous son règne.
Fort de ce soutien, M. Erdogan, contraint de quitter le poste de Premier ministre aux législatives de 2015, entend bien conserver les rênes de la Turquie depuis la présidence, pourquoi pas jusqu’en 2023, année du centenaire de la République.
Mais sa volonté annoncée de réformer la Constitution pour renforcer les pouvoirs du chef de l’Etat alimente déjà les critiques sur les risques d’un pouvoir "autocratique", contre laquelle l’opposition a promis de lutter pied à pied. [....]"
Lire "Turquie : Erdogan remporte la présidentielle dès le premier tour".
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