Revue de presse

"Tunisie : Jabeur Mejri, le libre penseur au cachot pour 7 ans" (M. Gozlan, marianne.net, 13 sept. 13)

16 septembre 2013

"Jabeur Mejri, jeune Tunisien d’un village de pêcheurs, près de Mahdia, a été arrêté le 5 mars 2012 après avoir publié des caricatures de Mahomet sur Facebook. Condamné à 7 ans et demi de prison, sa grâce, promise à la famille cet été par le président Moncef Marzouki, n’a pas été accordée. Le sort de ce prisonnier d’opinion, adopté par Amnesty International, rappelle ainsi que la liberté d’expression et de conscience reste bafouée dans la Tunisie post-révolutionnaire, sous le gouvernement islamiste. [...]

Qui se souvient de Jabeur Mejri ? En ces heures où le gouvernement tunisien tangue face à la révolte d’une population exaspérée par l’incurie islamiste, ce jeune homme est abandonné dans son cachot de la prison de Mahdia avec comme seul horizon : les murs et encore les murs pour 7 ans. Il symbolise pourtant la fronde ironique, blagueuse, iconoclaste de cette jeunesse qui avait tout espéré de la révolution et a en réalité tout perdu [...].

Jabeur avait posté sur Facebook des caricatures de Mahomet, comme son camarade Ghazi Beji. Ghazi est l’auteur d’une "Illusion de l’Islam" dont le seul titre a dû faire dresser les cheveux sur la tête des bigots qui ont malheureusement tous les pouvoirs aujourd’hui. Lui, il a pu prendre la fuite. Après une épouvantable errance à travers 7 pays, il a enfin rejoint la France qui lui a offert l’asile politique [...}.

Jabeur a été jeté en prison. Il pensait librement dans son coin - 16 correspondants seulement sur sa page Facebook ! - mais cette insupportable liberté a été métamorphosée en une série de chefs d’inculpation abracadabrants : trouble à l’ordre public, offense à autrui, atteinte aux bonnes moeurs... Le verdict a été rendu le 28 mars 2012, en l’absence d’un avocat ! En appel, la condamnation a été confirmée en juin 2012. La cour de Cassation a laissé l’affaire s’enterrer dans les méandres de l’oubli. Désespéré, placé dans des conditions de détention éprouvantes, Jabeur Mejri n’espérait plus qu’en une grâce présidentielle promise pour l’Aid, à la fin du Ramadan 2013.

Puis rien. Rien de rien alors que la Tunisie découvrait les assassinats politiques, la fureur djihadiste sur les monts Chaambi. Rien alors que le peuple, massé devant l’Assemblée Constituante, au Bardo, contestait un pouvoir dont le laxisme avait favorisé dans l’ombre et même dans la lumière les groupes extrémistes. Ah, cette " Pax islamica" , cette alliance entre Ennahda et les salafistes conclue dès le lendemain de la victoire islamiste aux élections du 23 octobre 2011 ! Même si le gouvernement tunisien la dénonce aujourd’hui et qualifie désormais de terroriste le groupe Ansar al Charia, l’obscurantisme d’Etat a fait des ravages. Et ça continue.

"Comment peut-on parler de révolution si Jabeur est en prison pour des idées ?" rappelait son comité de soutien lors de la conférence de presse organisée fin août à Tunis. Des jeunes femmes et des jeunes gens déterminés qui résument le sens de leur combat :

"- Ce qui a commencé avec Jabeur Mejri a continué. Les atteintes aux libertés et les menaces ont concerné des artistes, des expositions, des chanteurs, puis des journalistes ou patrons de médias, puis les medias en totalité. Jabeur est en prison. [...]

* On peut écrire à Jabeur Mejri dans sa prison, avec le numéro d’écrou et l’adresse indiquée sur la photo qui illustre cet article
* Pour contacter le comité de soutien et le mouvement du 13 mars :
http://jabeurghazifree.blogspot.fr "

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