par Gérard Durand. 29 novembre 2021
[Les échos "Culture" sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
The Piani, de Nanni Moretti (1 h 59), avec Margherita Buy, Nanni Moretti, Alessandro Sperdutti. Sorti le 10 nov. 2021.
Un film de Moretti est toujours une surprise ; celui-ci ne manque pas à la règle. Impossible de le raconter sans risque de dévoiler l’ensemble du récit.
Les trois familles dont il dresse le portrait sont toutes en déséquilibre. L’une est rongée par le soupçon, dans l’autre le mari est absent, retenu par son travail et l’épouse accouche seule en craignant de tomber dans la folie, la troisième montre un couple ayant raté l’éducation de leur fils.
Le thème est complexe mais Moretti réussit avec une grande économie de moyens à rendre le récit fluide et facile à suivre sur dix années réparties en trois actes. Pas de flashbacks compliqués mais une chronologie prenante sans temps mort, ponctuée de belles surprises.
Le propos de Tre Piani n’est pas gai. Moretti ne s’y donne pas le beau rôle en interprétant un personnage confit en rectitude morale qui gâche sa vie familiale. Le film est porté par des acteurs de haut niveau. Margherita Buy, Alessandro Sperdutti, mais aussi Alba Rohrwacher dans son interprétation de mère gentiment hors du coup, mais surtout Riccardo Scamarcio dans son rôle de père rongé par le doute qui touche au plus juste le spectateur.
Sortir de son image de bonne conscience de la gauche italienne, notamment par ses attaques répétées contre Berlusconi, n’a sans doute pas été facile pour Moretti. Mais cet éternel jeune homme du cinéma italien il y parvient pleinement et l’on sort heureux de ce film qui, tout en nous laissant des images sévères de la vie quotidienne nous a captivé par ses personnages, et transporté ailleurs.
A voir sans tarder.
Gérard Durand
Comité Laïcité République
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