1er août 2022
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"[...] Ce mouvement de fond, massif, vertigineux parfois, ne saurait se comprendre sans la révolution des gender studies – ce courant intellectuel, né aux États-Unis avec Gayle Rubin et Judith Butler, qui a théorisé la distinction entre le sexe comme identité biologique et le genre comme ensemble des constructions sociales qui s’impriment sur cette première donnée corporelle. On naît mâle ou femelle, en somme, mais on devient homme ou femme. [...]
Le malaise lié au sexe de naissance, le sentiment profond d’appartenir au genre opposé semble avoir existé en toute époque et en tout lieu. Mais cette « dysphorie » ou « incongruence », comme on la nomme désormais, est aujourd’hui prise dans un grand chantier du genre où les dénominations se démultiplient et où les identités deviennent fluides, gazeuses, vaporeuses.
La distinction entre sexe et genre peut parfois sembler rapide, ou parée de fausse évidence. Mais elle a été libératrice, aussi. Contre une époque où naître garçon ou fille supposait de se conformer à un ensemble d’attendus sociaux (et d’être hétérosexuel), un monde où les cartes sont rebattues, où plus rien ne tient de la fatalité – ni le costume à endosser, ni les chemins du désir… ni même l’acquiescement à la binarité homme-femme. [...]
Chiffres
* 13-21 ans. C’est l’âge moyen de la transition aujourd’hui. Il se situait entre 40 et 45 ans il y a vingt ans.
* En 2020, 9 000 personnes prises en charge par la Sécurité sociale en affection longue durée au titre d’un diagnostic de transidentité ou de dysphorie de genre, dont 3 300 dans l’année. Et 294 mineurs ont bénéficié de cette prise en charge, dont un peu moins de 200 en 2020.
* Les demandes de chirurgie pelvienne ou mammaire ont été multipliées par 4 entre 2012 et 2020.
* Le taux de tentatives de suicide est dix fois plus élevé dans la population trans qu’en population générale, et trois fois plus élevé que dans la population LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels).
* 9 079 articles référencés dans les revues scientifiques entre 2012 et 2020, dont 132 essais cliniques : c’est 14 fois plus qu’entre 2002 et 2011.
Lexique
Dysphorie ou incongruence de genre. L’Organisation mondiale de la santé définit désormais l’« incongruence » ou « dissonance » de genre comme une « divergence marquée et persistante » entre le genre ressenti par un individu et son sexe de naissance.
Transsexuel/transgenre/trans. Le terme « transsexuel » , introduit par un psychiatre américain dans les années 1950, n’est aujourd’hui plus en usage. Parce qu’il suppose une opération de réassignation génitale, crée de la confusion avec le champ des préférences sexuelles (homo-, hétéro- ou bisexualité), mais aussi parce que la dysphorie de genre n’est plus considérée comme une maladie mentale. Le terme « transgenre » et plus encore la seule abréviation « trans » lui sont préférés en ce qu’ils élargissent la question au genre entendu comme identité sociale. La transition peut être sociale (le coming out auprès des proches, dans le milieu professionnel), administrative (le changement de la mention du sexe à l’état-civil, ainsi que du prénom), et/ou médicale.
Homme trans. L’identité et l’expression de genre sont masculines, le sexe de naissance féminin.
Femme trans. L’identité et l’expression de genre sont féminines, le sexe de naissance masculin.
Cis. Sont dites « cisgenres » ou « cis » les personnes dont le genre correspond au sexe de naissance.
Non-binarité. Les personnes qui se déclarent non-binaires ne se reconnaissent ni dans le genre masculin ni dans le genre féminin, et revendiquent de pouvoir ne se déclarer d’aucun des deux.
Identité de genre. Elle désigne le sentiment intime de reconnaissance dans un genre, conforme ou non au sexe de naissance.
Expression de genre. Elle désigne la façon dont une personne manifeste le genre auquel elle s’identifie, par son apparence physique, son attitude, son langage.
Figures
Elliot Page (acteur). On a pu le voir dans les films Juno, Inception et, plus récemment, au casting de la série Umbrella Academy sur Netflix, dans laquelle son personnage, Viktor, est également transgenre. Icône de la lutte pour les droits des personnes transgenres.
Hunter Schafer (actrice). Elle est révélée par la série Euphoria, dans laquelle elle joue une adolescente transgenre. C’était son tout premier rôle de comédienne.
Lana et Lilly Wachowski (réalisatrices). Celles qui se cachent derrière la saga Matrix ! Lana est cependant seule à réaliser le dernier en date, Matrix Resurrections.
Caitlyn Jenner (star de télé-réalité et ancienne athlète). « Père » de Kendall et Kylie, les cadettes du clan Kardashian, qui cumulent à elles deux une centaine de millions d’abonnés sur les réseaux sociaux. Décrite comme la femme transgenre américaine « la plus célèbre ».
Laverne Cox (actrice) Star de la série Orange Is the New Black, elle est la première personne transgenre à faire la couverture du Time.
Sophie (chanteuse et compositrice) la principale instigatrice du mouvement musical de l’hyperpop, décédée prématurément en 2021.
Jamie Wallis (homme politique). Il avait ému le parlement anglais après avoir fait part publiquement de sa transidentité début 2022, et son souhait d’une transition.
Andréa Furet (actrice) Révélée par le film Il est elle, elle est aussi la première candidate transgenre à participer au concours Miss France.
Marie Cau (femme politique) première femme transgenre à occuper un poste de maire. Elle est élue en 2020 dans la commune de Tilloy-lez-Marchiennes."
Voir aussi dans la Revue de presse la rubrique Transgenres (note du CLR).
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