10 janvier 2010
"Des étudiantes portant le voile intégral ont bruyamment manifesté contre la décision de l’université du Caire de leur interdire de passer les examens sans découvrir leur visage."
"Des étudiantes islamistes intégralement voilées ont organisé une énorme manifestation à l’université du Caire le 8 décembre afin de protester contre l’administration universitaire. Celle-ci avait annoncé qu’elles ne pourraient passer les examens qu’après avoir dévoilé leur visage. Selon les manifestantes, cette mesure constitue une nouvelle escalade de la part des autorités. La répression aurait commencé au début de l’année par le fait que certaines d’entre elles ont été empêchées d’habiter dans la cité universitaire. Pourtant, des années durant, elles n’avaient pas eu de problèmes. Alors, quelle nécessité d’en créer aujourd’hui ? s’interrogent-elles.
Beaucoup d’enseignants(e)s se montrent solidaires et comptent envoyer à la présidence de l’université une lettre lui demandant de trouver une solution avant le début des examens. Le défilé a démarré devant la faculté des sciences, considérée comme un fief des partisanes du niqab [voile couvrant entièrement le visage sauf les yeux], et s’est terminé par un rassemblement sur le campus. Les étudiantes brandissent des pancartes telles que : “Aujourd’hui, ils interdisent le niqab. Que feront-ils demain ?” – “Pour vous qui défendez les droits de la femme, celle qui porte le niqab n’en est-elle pas une ?” – “Cela commence par l’interdiction du niqab, ça finira par l’interdiction du voile” – “Désolée, mais c’est ma liberté”, ou encore “Hommes de religion, ne nous trahissez pas !”
Les manifestantes ont demandé un entretien à Hussam Kamel, président de l’université, afin de tenter de le faire revenir sur sa décision. Celui-ci a refusé en leur disant que porter le niqab était “de l’arriération” : “Arrêtez de vous montrer en public avec cet accoutrement barbare. Je ne comprends pas comment vous le supportez. Vous êtes la risée des gens !” Une étudiante rapporte que le doyen de la faculté leur aurait dit : “Otez-moi ce tissu, sinon, restez chez vous !” Mais les manifestantes ont fait savoir qu’elles n’accepteraient jamais de l’enlever, quoi qu’il advienne, à moins d’être rassemblées dans une seule classe, en l’absence de tout homme et avec une surveillance exclusivement féminine.
“Nous commençons à trouver des excuses aux gouvernements allemand et français. Comment leur en vouloir d’interdire le voile dans leur pays, quand on voit que le recteur de l’université [islamique] Al-Azhar a lui aussi condamné le niqab ?”, se demande une étudiante. [...]
Celles-ci menacent de saisir la justice. Déjà, à l’université d’Ain Chams [banlieue du Caire], douze étudiantes ont porté plainte devant le tribunal administratif contre la décision du président de l’université de leur interdire l’accès aux salles de cours. D’autres ont porté plainte contre Ali Gomaa, mufti de la république, Mohammed Sayed Tantaoui, recteur d’Al-Azhar, et Hamdi Zaqzouq, ministre des Affaires religieuses. Elles leur reprochent de ne pas être intervenus pour contrer les décisions des présidents des universités en question."
Lire "Touche pas à mon niqab".
Lire aussi Egypte : le “voile intégral” interdit à l’université ? (AFP, 5 oct. 09) (note du CLR).
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