"Prenons-les au mot" 11 septembre 2021
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"« Être parent et épuisé à la fin des vacances est un sujet tabou, mais j’ose enfin en parler », pouvait-on lire sur un blog hébergé par le Huffington Post le 26 août. « La troisième dose, parlons-en. Sans tabou, sans préjugés », titrait Atlantico le 27 août. Le 23 août, le Journal de Saône-et-Loire titrait « Briser le tabou de la précarité menstruelle ». Si on lit régulièrement la presse, on peut aisément avoir l’impression que notre époque ose enfin briser tous les tabous. On range derrière ce mot aussi bien des questions intimes dont on rechigne à parler en dehors de la sphère privée que des sujets qui peuvent être un peu impopulaires, voire – c’est assez paradoxal – des concepts en vogue. Dire de quelque chose que c’est un tabou est en effet un bon moyen de se faire de la publicité en donnant des gages d’originalité. « La masturbation féminine encore tabou » titrait à la fin du mois de mai le journal Métro.
En juillet, Arte introduisait ainsi son documentaire « Les dessous de l’infidélité » : « L’infidélité est un sujet tabou aussi vieux que le monde ». Toute ressemblance avec des centaines d’articles traitant des mêmes sujets sur le même mode, ces dernières années, ne serait pas purement fortuite. Le terme « tabou » est emprunté au XVIIIe siècle à l’anglais taboo, lui-même emprunté au polynésien tapu, désignant ce qui est interdit et ce que les profanes ne peuvent toucher sans commettre un sacrilège. À l’heure où il faut sans cesse « casser les codes » et « faire bouger les lignes » pour se donner l’impression de « progresser », il n’est pas très étonnant qu’on finisse par faire des tabous de choses dont on parle à longueur de journée.
Est-ce tabou de le dire ?"
Voir aussi toutes les chroniques "Prenons-les au mot" (Samuel Piquet, Marianne) dans Langue française (note du CLR).
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