"Prenons-les au mot" 9 juillet 2021
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"« Lutte contre le séparatisme, une loi qui stigmatise les minorités ? », s’interrogeait le site The Conversation le 7 juin. Quelques jours plus tôt, l’OMS recommandait de donner une nouvelle appellation aux variants du Sras-Cov-2 pour ne pas « stigmatiser » certains pays. Le 9 juin, dans Ouest-France, ce sont des psychiatres qui appelaient, au lendemain de l’attaque de La Chapelle-sur-Erdre commise par un déséquilibré, à « ne pas stigmatiser les gens atteints de troubles mentaux ».
Le terme « stigmatiser », très souvent employé dans les médias ces dernières années, signifie « noter d’infamie », « condamner définitivement ». Emprunté au latin impérial stigmata, pluriel de stigma, -atis, « marque imprimée aux esclaves », et en latin ecclésiastique « marques des plaies de Jésus », il a signifié, sous l’Ancien Régime (1611), « marquer au fer rouge un condamné ». Dans son sens actuel, il peut aussi bien désigner des populations persécutées jusqu’à la mort que des groupes ou des individus simplement montrés du doigt ou désignés coupables.
Il a surtout pris une connotation très péjorative, au point qu’on semble oublier qu’il n’est parfois pas inutile de blâmer certains comportements pour le bien de la société. C’est ainsi que le journal suisse le Matin n’a pas hésité à titrer, le 1er juin : « Berne veut continuer à stigmatiser les mauvais payeurs ». On peut aussi se demander si la stigmatisation n’a pas parfois certains effets bénéfiques, car les stigmates ont au moins le mérite de rappeler à tout le monde qu’on existe. On ne peut pas toujours en dire autant de certaines zones rurales, de populations et de citoyens trop souvent oubliés qui auraient peut-être préféré être « stigmatisés » qu’abandonnés."
Voir aussi toutes les chroniques "Prenons-les au mot" (Samuel Piquet, Marianne) dans Langue française (note du CLR).
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