1er avril 2023
[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
Lire "Sonia Backès : « L’islam politique veut mettre la République à genoux »".
[...] La République n’avait pas les outils adaptés pour lutter. Un verrou psychologique et administratif a sauté. Ainsi, depuis le vote de la loi et la prise des décrets d’application, plus de 3000 contrôles ont été effectués sur le territoire national, 187 établissements ont été fermés temporairement ou définitivement et 8 millions d’euros ont été redressés ou recouvrés. On constate enfin que, dans les mosquées, les prêches radicaux se font plus rares car les islamistes savent qu’ils ne peuvent plus le faire impunément.
À partir du moment où il y a de moins en moins de discours frontalement antirépublicains, nous devons aussi évoluer en visant des discours séparatistes plus subtils, des attitudes plus discrètes, mais qui ne sont pas moins dangereux. C’est d’ailleurs une attente de l’immense majorité de nos concitoyens de confession musulmane qui veulent pouvoir vivre sereinement leur foi. La loi a ainsi créé une clause « anti-putsch » qui permet d’éviter le noyautage des associations par des extrémistes. Notre adversaire est l’islam politique. Ce dernier n’a qu’un projet : l’établissement d’un régime théocratique après avoir mis la République à genoux. [...]
La loi de 2021 nous a notamment permis de nous attaquer aux établissements hors contrat. Quarante-sept établissements à visée séparatiste ont été contrôlés sans prévenir auparavant leurs responsables.
Six ont été fermés définitivement et cinq sont visés par une fermeture temporaire. Je veux insister sur un point : la loi s’attaque à tous les séparatismes et pas seulement à l’islam radical même si l’essentiel des dérives concerne ce dernier. Mais nous avons aussi procédé par exemple à la fermeture d’une école juive intégriste. [...]
En quelques mois, et sur cette seule question des écoles coraniques, quatorze établissements accueillant du public mineur ont été contrôlés et visés par une mesure de fermeture, temporaire ou définitive. C’est ainsi le cas à Montpellier du Centre multiculturel d’Occitanie, qui accueillait illégalement près d’une soixantaine de mineurs, dont les plus jeunes avaient 3 ou 4 ans. Nous devons encore faire évoluer les choses puisque, aujourd’hui, on peut uniquement s’attaquer aux structures séparatistes qui accueillent plus de sept enfants pendant plus de quinze jours. Or nous constatons que les établissements à visée séparatiste s’adaptent : il nous faudra avoir la capacité de viser les plus petites structures. [...]
En 2022, sept lieux de culte ont fait l’objet d’une mesure de fermeture temporaire. Ce qui signifie que ces mosquées doivent, au niveau de leur bureau, du conseil d’administration, se débarrasser de leurs responsables qui tiennent des discours radicaux. Cinq associations ou groupements islamistes ont par ailleurs été dissous. Il en a ainsi été à Allonnes, dans la Sarthe, de l’Association allonnaise pour le juste milieu et de l’association Al Qalam, toutes deux salafistes et légitimant les attentats, le recours au djihad armé ou l’instauration de la charia.
Le repli identitaire commence par une salafisation des esprits des plus jeunes, dans l’intimité même des foyers. On a l’impression que l’État est impuissant pour ramener ces mineurs en danger dans le giron de la République…
Nous avons là aussi de nouveaux outils. Notamment pour le contrôle de l’instruction en famille. On avait jusqu’à présent 72.000 demandes annuelles venant de particuliers. Dont 42.000 n’étaient sans doute pas liées au séparatisme car justifiées par des problèmes de santé, la pratique d’un sport, des voyages de longue durée, etc.
Mais l’autre partie, soit 30.000 demandes, pouvait être liée à une volonté de proposer aux enfants un autre schéma de pensée que celui de l’école républicaine. On s’est attaqué très fortement à ce phénomène et les résultats sont déjà visibles avec, en 2022, une baisse significative de 29 % du nombre d’enfants instruits en famille. Et on est passé globalement de 72.000 à 58.000 demandes par an. On va encore accentuer cet effort en systématisant notamment les contrôles surprises.
Nous nous intéressons également à la question du web. 90 % des contenus Google liés à l’islam amènent indirectement à des contenus liés à l’islam radical. Nous avons engagé un dialogue avec des plateformes sur cette question et nous faisons monter en puissance notre unité de contre-discours républicain au sein du CIPDR qui produit des contenus expliquant les risques de la radicalisation. À ma demande, une réunion a eu lieu il y a quelques semaines avec les principales plateformes pour les sensibiliser. Le contact a été fructueux car ces professionnels sont conscients qu’il existe des marges de progression.
Et l’idée est de pouvoir travailler avec eux pour contribuer à la formation de leurs modérateurs ou pour qu’ils nous aident davantage face aux contenus toxiques. Leur premier rôle doit être de promouvoir les contre-discours républicains. Non pas, bien sûr, pour imposer une pensée mais pour faire réfléchir et mettre en garde contre la dangerosité des discours islamistes. Nous voulons aussi nouer un partenariat de confiance avec les plateformes pour le retrait rapide de contenus toxiques et le signalement de tels contenus. [...]
Un écosystème séparatiste, islamiste ou autre, ne peut par définition vivre sans argent. Ces mouvements ont utilisé un texte adopté en 2008 sur les fonds de dotation. Un système sans véritable contrôle et permettant notamment de rassembler des fonds privés pour des structures séparatistes. De l’argent pouvant venir de l’étranger, de fidèles plus ou moins fortunés, d’organismes spécifiques comme c’est le cas pour l’islamisme turc.
En vertu de la nouvelle loi séparatiste, ces structures peuvent être contrôlées par les préfets et doivent déclarer tout financement étranger de plus de 15.300 euros. Toutes les associations cultuelles doivent par ailleurs nous transmettre leurs comptes. À ce jour, quatre fonds de dotation ont été suspendus et quatre autres sont visés par une procédure de dissolution. Mais nous en sommes au tout début de notre action car l’analyse des comptes va demander du temps. Nous avons d’ailleurs créé au sein du ministère de l’Intérieur un pôle juridique spécifique pour l’analyse et la lutte contre ces fonds de dotation alimentant le séparatisme. [...]
Sur la question du burkini à Grenoble, nous n’avions pas d’outil jusqu’à présent. Le maire de Grenoble a modifié le règlement intérieur des piscines en pensant que personne ne l’empêcherait de le faire. C’est ainsi que, petit à petit, la République recule et que le séparatisme progresse. Le déféré laïcité, introduit par la loi séparatisme, confirmé par le Conseil d’État, a mis fin à cette situation.
Cette procédure permet au préfet d’intervenir lorsqu’une décision prise par une collectivité est considérée comme étant contraire au respect du principe de laïcité et de neutralité des services publics. Dans ce cas précis se posait la question de la mixité et de la laïcité. Le préfet de l’Isère a pu tout de suite intervenir. Et le juge administratif doit se prononcer dans les 48 heures. Nous restons vigilants sur cette question du clientélisme. [...]"
Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
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