Revue de presse

"SNCF : les contrôleurs ne sont pas à la fête" (Charlie Hebdo, 28 déc. 22)

30 décembre 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"[...] De quoi se plaignent au juste ces vils « preneurs d’otages »  ? En premier lieu et sans surprise, de leur traitement qui, comme celui d’autres agents de la fonction publique, est loin d’être mirobolant, même agrémenté de quelques primes. Vient ensuite un gros besoin de reconnaissance. Une notion floue dans laquelle s’agrègent un environnement de travail pas terrible, des horaires de nuit, le boulot les jours fériés, des clients irascibles, injurieux ou violents physiquement… Les négociations engagées avec la direction de la SNCF ont permis des avancées sociales saluées par certains syndicats (Unsa Ferroviaire, CFDT Cheminots), mais insuffisantes pour d’autres (Sud Rail, CGT Cheminots). Ces deux derniers avaient d’ailleurs le cul entre deux voies. Ils maintenaient un préavis de grève (qui rendait possible le mouvement), mais n’appelaient pas officiellement à l’action collective  ! D’où des explications alambiquées de divers responsables syndicaux pour tenter de justifier cet inconfortable grand écart. Et si faire grève durant cette période est « inacceptable » pour certains leaders syndicaux – Laurent Berger, de la CFDT –, c’est carrément sacrilège pour les éditorialistes et les politiques, où c’est l’affolement total. À la veille du conflit du 23 au 26 décembre, Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, demandait purement et simplement aux grévistes de « renoncer » à faire grève. Et Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, faisait le fier-à-bras en demandant à la direction de la SNCF de trouver « une solution dans les prochaines heures, je dis bien dans les prochaines heures ». Tandis que le patron de la SNCF faisait déjà une croix sur le petit Jésus et la dinde, et tentait vaille que vaille de sauver le jour de l’An. Bref, panique à bord de trains restés à quai.

C’est que ce mouvement parti de la base est du genre atypique : construit en collectif, lancé sur Facebook, il déborde les syndicats par son côté jusqu’au-boutiste. Une bronca qui ose la comparaison avec les « gilets jaunes »  ? Pas vraiment puisque, contrairement au mouvement de 2018, le collectif de contrôleurs demande quand même le soutien des syndicats et entend « travailler » avec eux. Les organisations syndicales, elles, ont un peu de mal avec la temporalité de cette grève qui rend très impopulaire ce mouvement social en privant 200 000 personnes de fêtes en famille. Construit hors des structures syndicales, s’affranchissant des codes implicites des mouvements sociaux – on discute, on menace, on temporise à certaines périodes et on espère une reprise du mouvement plus tard –, le collectif national ASCT a rassemblé sur les réseaux sociaux quelque 3 500 contrôleurs sur 10 000 environ, soit un peu plus d’un tiers des effectifs. Pas si mal pour une mobilisation que la direction de la SNCF dit ne pas avoir vue venir et qui peut, à terme, inquiéter les centrales syndicales dans leurs traditionnels modes d’action : à savoir des journées de grève à répétition et à efficacité limitée. Un train-train dont les salariés sont las."


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