13 novembre 2019
[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
« Où que vous soyez à Paris, vous la verrez briller dans le ciel... » Catherine, une ex-scientologue en est persuadée, « la croix de la "Sciento" sera plus haute que la future flèche de Notre-Dame ». Elle ornera le nouveau siège français de l’Église de scientologie, installé au bord du périphérique, à deux pas du Stade de France, à Saint-Denis. Un octogone de verre de 7000 m2 , qui devrait accueillir un auditorium, des salles de cinéma et de sport, une immense bibliothèque…
La Mairie de Saint-Denis n’a rien vu venir. C’est une société-écran qui a acheté l’immeuble existant en 2017, pour un montant de 33 millions d’euros. L’adresse de cette société renvoie vers une entreprise de domiciliation basée dans le 8e arrondissement de Paris, dont la trace se perd ensuite en Virginie, où est enregistré l’avocat qui l’a déclarée au registre du commerce français. Aucune mention de l’Église de scientologie n’existait dans la promesse de vente. En revanche, une clause de confidentialité garantissait le secret quant à l’identité de l’utilisateur. La mention de l’exploitation du bâtiment par la secte n’a été rajoutée qu’au moment de la transaction.
« Nous avons été piégés, confirme Raphaël Perrin, responsable de la com à la mairie. Impossible de préempter le bâtiment. Et si nous le faisions, nous perdrions devant les tribunaux. » « C’est aberrant, s’insurge Stéphane Peu, député PC de Seine-Saint-Denis. Pour préempter un bâtiment, il faut justifier d’un intérêt public. Or aujourd’hui, empêcher un mouvement sectaire de s’installer dans une ville n’est pas reconnu comme d’intérêt public dans le droit français. »
Le parlementaire a alerté plusieurs ministres : « ils n’ont pas bougé le petit doigt. Mais dans le contexte très pro-business voulu par Macron, l’Église de scientologie installée à deux pas de Paris, ça peut rapporter gros… » Regroupés sous la bannière de l’association Le Chemin du bonheur, des « camelots » circulent déjà dans les rues de Saint-Denis. « Je les connais tous, c’est un faux nez de l’Église de scientologie, jure Catherine. Son objectif, c’est de convertir les populations les plus fragiles et de les entraîner au nouveau siège dès qu’il sera ouvert. »
« Plus personne ne semble s’intéresser aux sectes au niveau de l’État, déplore Joséphine Cesbron, nouvelle présidente de l’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes (Unadfi). Ce n’est pas un hasard si la scientologie a pu s’installer à Saint-Denis. Qui pouvait prévenir le préfet, le procureur, les renseignements territoriaux, si ce n’est la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires ? Problème, son directeur, Serge Blisko, n’a pas été remplacé depuis huit mois ! »
Un désintérêt qui n’étonne pas Olivier Maurice, avocat qui ferraille régulièrement contre la scientologie : « Elle a réussi à infiltrer les milieux politiques et ceux du business. A Paris, son objectif principal, c’est 2024 : les Jeux Olympiques. Vous imaginez quelle magnifique vitrine mondiale pour les scientologues du monde entier ! »
Comité Laïcité République
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