“Sarkozy ramène l’Eglise dans l’Etat” (Libération, 16 jan. 08)

16 janvier 2008

"Après Rome, Riyad. Lundi, lors de sa visite officielle en Arabie Saoudite, comme lors de sa visite au Vatican le 20 décembre, Nicolas Sarkozy s’est livré à un éloge de la morale chrétienne et des religions qui sont, selon lui, au fondement même des civilisations. Venant du président d’un pays qui prône la séparation de l’Eglise et de l’Etat, ses propos ont provoqué un tollé parmi les défenseurs de la laïcité, notamment les enseignants et l’opposition.

« Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur, même s’il est important qu’il s’en rapproche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance » : c’est sous les ors de la basilique Saint-Jean de Latran, au Vatican, que Nicolas Sarkozy est allé le plus loin. « Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes », avait-il asséné, remontant au baptême de Clovis à partir duquel la France est devenue, pour les catholiques, « la fille aînée de l’Eglise ». Puis il a avancé un nouveau concept comme il les aime : celui d’une « laïcité positive, qui ne considère pas que les religions sont un danger, mais plutôt un atout ».

Rigide. En Arabie Saoudite, le Président a été plus grandiloquent et plus général. Assimilant les religions à des philosophies, il en a loué les bienfaits même si, a-t-il reconnu, des horreurs sont parfois perpétrées en leur nom. Comme l’homme ne peut se satisfaire d’un monde purement matérialiste, a-t-il expliqué, il ne peut vivre sans religion. Ses propos ont au moins dû ravir les dirigeants saoudiens qui imposent un islam des plus rigides à leur société."

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