Samuël Tomei, docteur en histoire contemporaine de l’IEP de Paris, lauréat du prix de thèse de l’Assemblée nationale pour son travail sur Ferdinand Buisson (1843-1932). 15 janvier 2022
[Les échos des initiatives proches sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"[...] L’opposition entre éducation nationale et instruction publique est ancienne ; sa théorisation date de la Révolution française avec, d’un côté, les tenants d’un modèle spartiate visant à former l’enfant dans sa totalité au sein d’une école assurant une éducation égalitaire et communautaire, et, de l’autre, ceux qui, tel Condorcet, estiment que l’éducation revient à la famille quand le rôle de l’école doit se limiter à l’instruction, à l’inculcation des éléments.
[...] L’idée qu’on doive conformer la jeunesse à une sorte de dogme officiel rebute des révolutionnaires tels que Condorcet. [...]
Comme l’écrivent Charles Coutel et Catherine Kintzler, nous sommes ici en présence de deux conceptions de la nation. Par l’éducation nationale, le citoyen se fond dans une nation conçue comme « finalisée et providentielle », tandis que par l’instruction publique, « l’homme devient citoyen en se réappropriant l’usage personnel de sa raison, dont il ne doit jamais se dessaisir ». Le rassemblement national est considéré comme légitime a priori dans le premier système, ce qui n’est pas le cas dans le second, l’instruction ne pouvant donc être que publique. L’éducation nationale donne la primauté à la volonté politique, alors que l’instruction publique fait prévaloir la question de la vérité et de l’erreur. Pour les partisans de l’éducation nationale, la liberté dérive de l’égalité (« Il s’agit d’égaliser, et non de libérer ». [...]"
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