Anne Rosencher, journaliste, directrice déléguée de la rédaction de "L’Express". 16 août 2022
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"Il y a, au coeur du Chant des partisans, une phrase qui suscite, quand elle survient, une émotion formidable : "Ami, si tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place". Dans l’hymne de la Résistance, écrit par Kessel et Druon, cette promesse agit comme une exhortation. Elle dit : "Tu n’es pas seul ; ton combat n’est pas vain. Ton courage, d’autres l’auront. D’autres en seront dignes." Mais c’est aussi une proclamation. Un pari, presque. "Ami, si tu tombes un ami sort de l’ombre ta place."
Est-ce bien vrai ? C’est l’anxieuse question qui saisit le coeur, à chaque fois qu’un défenseur de la liberté est attaqué, comme Salman Rushdie, le 12 août. On ne peut s’empêcher une brève revue des troupes : des soutiens, on en voit, bien sûr ; mais combien de "oui, mais" ?, Et combien d’indifférences ?, Ou de silence apeuré ? On aimerait que tonne un fracas terrible. Que "le camp de la liberté" fasse entendre sa fermeté face aux intimidations. Las ! On se dit que les vaillants sont parfois bien seuls. Que nous ne les méritons pas [1]. [...]
Il ne faut pas, non plus, se laisser intimider par les sermons de ceux qui fustigent les laïques et les "blasphémateurs", qu’ils jugent matérialistes et décadents, insultants envers les fidèles et insensibles à la transcendance. Ils se trompent. L’homme est cet être curieux qui, pour la liberté - celle de créer ou de dire - s’expose, parfois, à payer de sa vie. Qu’est-ce ? Sinon de la transcendance ? [...]".
Lire "Salman Rushdie : la liberté contre l’obscurantisme islamiste, par Anne Rosencher".
[1] Lire S. Fort : "Nous n’avons pas été dignes de Salman Rushdie" (La Règle du jeu, 14 août 22) (note du CLR).
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