Revue de presse

Saïd Sadi : « La gauche française nous a toujours combattus » (Le Point, 20 juil. 23)

(Le Point, 20 juil. 23). Saïd Sadi, homme politique algérien, ancien président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) 23 juillet 2023

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"[...] Le mal dont souffre l’Algérie, c’est la négation d’une histoire multimillénaire, composée de cultures multiples qui ont sédimenté dans notre mémoire. Nous sommes une nation mutilée dont les dirigeants renient tout ce qui n’est pas arabo-islamique : ils veulent imposer au pays une identité d’emprunt. Songez que, pendant très longtemps, la détention d’un alphabet berbère pouvait coûter plusieurs années de prison !

Croyez-vous qu’Emmanuel Macron utilise la bonne méthode pour « réconcilier » la France et l’Algérie ?

Non. L’intention était bonne mais elle partait d’un présupposé faux. Si on prenait la peine de l’écouter, on saurait que le peuple algérien a tourné la page. Cette histoire de guerre mémorielle avec la France, c’est la construction politicienne d’un régime qui compense son illégitimité par la surenchère, les moulinets martiaux. J’ai souvent discuté avec des responsables du FLN qui ont pensé ou conduit la lutte armée. Aucun n’a jamais préconisé devant moi la nécessité de perpétuer la guerre après la guerre. Cette opération a un objectif essentiel pour le pouvoir : faire diversion sur une faillite que rien ne peut justifier. [...]

Je m’étonne que, plus de soixante ans plus tard, des intellectuels français encensent le fondamentalisme islamiste au Sud alors qu’ils affichent leur allergie contre ce qu’ils appellent l’extrême droite en France. Comment ne pas voir là une forme de racisme en creux, où ce qui est indigne du Blanc est conseillé sinon recommandé pour l’indigène ?

Pourquoi, en France, les intellectuels, les médias et une partie de la gauche sont-ils aujourd’hui si complaisants avec les islamistes ? Pourquoi cet aveuglement ?

La guerre d’Algérie pèse toujours. Or la gauche française s’est toujours fourvoyée sur l’Algérie. En 1954, le ministre de l’Intérieur Mitterrand n’avait pas vu arriver la décolonisation. « L’Algérie, c’est la France », déclarait-il. Les socialistes ont été longtemps sur cette ligne, et, après l’indépendance, ils ont cherché à faire oublier leurs errements en soutenant mordicus le FLN d’après guerre, devenu la devanture d’un militarisme prédateur et corrompu. La connivence dura jusqu’aux émeutes d’octobre 1988, réprimées dans un bain de sang. Les socialistes volèrent alors au secours de la victoire islamiste annoncée, qu’ils considéraient comme inéluctable. Sur l’Algérie et, plus généralement, sur le monde musulman, la gauche française a toujours laissé prévaloir l’opportunisme, le cynisme et, pour tout dire, une certaine lâcheté. [...]"


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