Stella Assange, épouse de Julian Assange. 22 mai 2022
[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"La liberté de transmettre des informations, sans contraintes et en toute ouverture, est la pierre angulaire de toutes les libertés. La protection de la presse protège la démocratie.
Mon mari Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, a été enfermé dans la prison la plus dure de Grande-Bretagne depuis plus de trois ans. Il n’est pas en train de purger une peine. Le Royaume-Uni a accepté l’extradition de Julian vers les Etats-Unis où il pourrait faire face à une peine de 175 ans de prison pour pratiquer le journalisme dans sa forme la plus engagé. Amnesty International dit que la procédure américaine est « motivée politiquement » et que la décision britannique d’accepter cette extradition est une « parodie de justice ».
Une fois les appels terminés, la Cour européenne des droits de l’homme décidera s’il faut arrêter définitivement cette extradition.
Ce que Wikileaks a publié a énormément embarrassé le gouvernement américain : des preuves que l’armée américaine a commis des crimes de guerre dans « Collateral Murder », une vidéo montrant des civils et deux journalistes de Reuters Namir Noor-Eldeen et Saeed Chmagh abattus depuis un hélicoptère américain ; des preuves de dizaines de milliers de morts civiles jusque-là inconnues en Irak ; des preuves de pressions politiques américaines sur l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie pour neutraliser les enquêtes des procureurs sur le meurtre par les forces américaines du journaliste espagnol José Couso à Bagdad ; l’enlèvement et la torture par la CIA du citoyen allemand Khalid el Masri ; et la restitution par la CIA, depuis Milan, d’Abu Omar.
Avec la poursuite de mon mari, les États-Unis, qui étaient historiquement un modèle mondial d’ouverture et de protection de la presse, ont lancé l’attaque la plus dangereuse contre la liberté de la presse dans le monde. Il n’y a aucun lien entre Julian et les Etats-Unis. Il n’y a jamais habité. Il ne doit aucune allégeance à un pays étranger. Ces poursuites sans précédent visent un citoyen australien, qui travaillait et publiait depuis la France, sur les crimes internationaux commis par les Etats-Unis.
Le livre du rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer Le procès de Julian Assange : une histoire de persécution est un « J’accuse » de notre époque. Le cas de Julian est de plus en plus compris comme l’affaire Dreyfus du XXIe siècle.
Le traitement de Julian pose la question : qu’est-ce qui distingue les États-Unis de la Russie et de la Chine ?
La réponse honnête est que depuis la persécution de Julian, il n’y a plus de distinction. La seule véritable mesure de la liberté dans une société est la façon dont elle traite ses détracteurs. Avec l’aide du Royaume-Uni, les États-Unis emprisonnent le plus grand défenseur de la liberté d’expression et de la liberté d’information dans le monde. Julian devient un exemple. Ce qui est fait à Julian n’est pas un avertissement, c’est la nouvelle norme. Elle détermine l’avenir de la liberté en Occident.
Comme toutes les affaires politiques, celle de Julian met à l’épreuve tout ce qu’elle touche. Ses implications juridiques et politiques détermineront l’étendue de la liberté en France et dans le reste de l’Europe. À moins que Julian ne soit protégé, l’Europe aussi deviendra impossible à distinguer de la Chine et de la Russie. C’est pourquoi nous devons tous libérer Julian Assange."
Lire "« La protection de la presse protège la démocratie » – par Stella Assange".
Voir aussi dans la Revue de presse le dossier L’Opinion, 9e anniversaire : La liberté, notre combat (13-14 mai 22) (note du CLR).
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