Revue de presse

"Royaume-Uni : Les minorités ethniques recensées" (Le Monde, 17 nov. 09)

20 novembre 2009

"EN OCTOBRE, la Commission pour l’égalité et les droits de l’homme (CEHR), l’équivalent de la Halde en Grande-Bretagne, a obtenu une victoire : le British National Party (BNP), d’extrême droite, s’est engagé, afin d’éviter des poursuites judiciaires coûteuses et vouées à l’échec, à accepter en son sein tous ceux qui le souhaitent, quelle que soit leur origine. Pour cela, il lui faudra modifier sa charte, qui stipule que les membres du BNP doivent être des "autochtones caucasiens", c’est-à-dire des Blancs.

Depuis dix ans, la législation britannique pour promouvoir la diversité a forcé les entreprises et les institutions à se préoccuper du sujet et à rendre des comptes. L’obligation de déclarer son appartenance ethnique à l’occasion du recensement général existe depuis 1991. Une loi de 2000 a étendu cette obligation aux administrations, qui ont désormais le devoir d’être à l’image de la société. A terme, les minorités ethniques doivent être représentées à proportion de ce qu’elles pèsent dans la population, et ce à tous les grades, à toutes les fonctions, dans tous les services. Conséquence, les corps publics se doivent de "compter" leurs membres issus de minorités ethniques, et poursuivent des objectifs chiffrés.

Les entreprises du secteur privé ne sont pas soumises au même régime. Mais, dès lors que les guides de bonne pratique de la CEHR ont, depuis 2000, une force légale et sont opposables devant les tribunaux, il leur faut, pour pouvoir se défendre, recenser leurs salariés. La plupart d’entre elles s’y sont mises, et on peut affirmer que cette pratique est désormais généralisée. [...]

La première législation anti-discrimination britannique, votée sous l’influence du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis, date de 1965. Elle a été étendue en 1976, après que des affrontements entre la police et de jeunes Noirs eurent provoqué les émeutes de Notting Hill. Le Race Relation Act de 1976 a créé la possibilité de mener des "actions positives" pour lutter contre la discrimination. Ainsi, les employeurs peuvent-ils mettre au profit des groupes ethniques minoritaires des équipements ou des services (formation, éducation, prestations sociales) destinés à leurs besoins spécifiques. Ils peuvent aussi favoriser la candidature d’Asiatiques ou de Noirs lorsque celles-ci concernent des postes où ils sont largement sous-représentés. [...]

Il ne s’agit pas de politique de discrimination positive à l’américaine, affirme le gouvernement, arguant que les objectifs imposés à l’administration ne constituent pas une obligation de résultat. Et que les entreprises du secteur privé doivent juste prouver qu’elles ne pratiquent pas de discrimination. [...]"

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