Revue de presse

Riss : "Un autre islam est-il possible  ?" (Charlie Hebdo, 7 sept. 22)

Riss, directeur de "Charlie Hebdo". 7 septembre 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"[...] Ce qui est frustrant dans ces procès, c’est qu’on ne va jamais au fond des choses pour comprendre la motivation des assassins, en raison de la dimension spirituelle de leurs mobiles, qui met tout le monde mal à l’aise, surtout les croyants, car on ne sait comment dissocier l’acte criminel de l’acte de foi. Il semble impossible de ­dénouer les liens inextricables entre mysticisme et terrorisme. Alors on préfère, dans ces procès d’attentat, passer son temps à parler de fourniture d’armes et de complicité logistique plutôt que de religion, qui est pourtant l’élément déclencheur de l’acte criminel.

Que dit réellement le Coran  ? Peu de gens l’ont lu et en connaissent bien la genèse. La lecture d’un texte ancien, religieux ou pas, vieux de quatorze siècles, n’est pas sans risque, car il est très facile de sombrer dans l’anachronisme. Les intégristes musulmans ­vénèrent ce texte moins parce qu’il serait sacré que parce qu’ils croient y trouver ce qui justifie leur violence. Et même si, dans le pire des cas, on y lit des paroles intolérantes, elles ne peuvent se ­comprendre qu’à la lumière de l’époque où elles ont été prononcées. Mais la plupart des croyants sont convaincus que ce texte est directement sorti de la bouche de Dieu, et qu’il doit donc s’appliquer éternellement.

Les musulmans sont dans un cul-de-sac, et on ne voit pas ­comment ils pourraient en sortir sans prendre le risque de dés­avouer leur texte sacré et de se retrouver accusés d’apostasie. L’islam se pense comme la religion la plus pure car elle arrive après le judaïsme et le christianisme, et s’est assigné pour mission de rectifier les erreurs de ces deux prédécesseurs. La fuite en avant vers la pureté, politique ou religieuse, ne peut conduire qu’à des actes d’intolérance et de violence. Des révolutionnaires de 1789 de la première heure aux musulmans progressistes des pays arabes, ce sont toujours les modérés qui finissent sur l’échafaud ou sous les balles des kalachnikovs, liquidés par ceux qui s’imaginent être plus purs qu’eux. En politique comme en religion, la pureté aboutit inévitablement au totalitarisme. Ce qui démontre que les religions fonctionnent exactement comme des idéologies, et qu’elles doivent donc être critiquées et combattues de la même manière. [...]"

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