15 avril 2019
[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"Selon une étude de la Fondation Jean Jaurès, publiée lundi 25 janvier, les Français expriment une forte défiance à l’égard de l’expression religieuse dans un contexte d’une laïcité perçue comme menacée.
La Fondation Jean Jaurès, un think tank proche du parti socialiste publie ce lundi 25 mars une étude sur la perception de la laïcité réalisée par l’Ifop. Un sondage qui pourrait relancer les polémiques sur la question des signes religieux.
Les 2 500 personnes interrogées estiment en effet à une large majorité (74 %) que la laïcité est en danger en France. L’étude ne sonde pas les raisons de cette inquiétude mais les items qui suivent semblent en indiquer la cause : 84 % des Français sont pour l’interdiction « des prières de rue » et autres cérémonies religieuses ; 78 % des personnes sont favorables aux arrêtés municipaux contre le port de « burkini » sur les plages ; 76 % sont pour l’interdiction du port de signes religieux ostensibles aux usagers du service public ; 62 % sont pour le boycott des entreprises qui vendent des « hijabs de course » etc. L’électorat macroniste (500 personnes sur l’échantillon total) partage ces positions.
Cette nouvelle enquête pourrait laisser apparaître un hiatus dans l’opinion sur ce sujet sensible. En effet, 87 % des personnes se déclarent paradoxalement attachées à la loi de 1905 et 81 % affirment qu’il faut la conserver telle qu’elle est. Comment expliquer cet écart entre l’idée qu’il faut durcir la laïcité et en même temps préserver les grands équilibres ?
Des pistes de réponse pourraient être apportées par un autre sondage publié en janvier par l’Observatoire de la laïcité. L’institut ViaVoice a interrogé un échantillon de 2000 personnes. Or il ressort de leurs réponses qu’il existe encore de grandes confusions sur ce que permet ou pas la loi en matière de liberté religieuse. Ainsi seulement 36 % des Français savent que les étudiants peuvent aujourd’hui porter des signes religieux visibles à l’université. 58 % d’entre eux croient à tort que « l’obligation de neutralité s’impose au sein des entreprises privées ».
Interrogés dans cette même enquête sur les principales difficultés que rencontrera la laïcité dans les années à venir, les sondés placent largement en tête « la montée des intolérances entre les différentes communautés religieuses ». Dans ce contexte d’inquiétude, les Français semblent donc approuver une fermeté qui leur semble correspondre à l’état actuel du droit. Dans le même esprit, on relèvera que l’interdiction de toute célébration religieuse sur la place publique serait bien plus liberticide que ce qu’avait imaginé le législateur il y a un siècle en se refusant à interdire les processions et autres chemins de croix.
L’étude apporte de l’eau au moulin des tenants d’une laïcité plus répressive pour laquelle militent diverses associations comme Le Printemps républicain. La note de la Fondation qui accompagne le sondage laisse à cet égard peu de doute. Elle met en cause le président de l’observatoire de la laïcité Jean-Louis Bianco accusé de défendre une vision trop « ouverte » de la laïcité et lui oppose les résultats de son étude : « Les Français comme les électeurs macronistes affichent clairement leur penchant pour une “laïcité de combat” » ne craint pas d’écrire la Fondation qui s’en prend également à « une poignée d’élus » LREM. Le sondage avait été commandé par la Fondation Jean Jaurès pour être présenté à l’occasion du débat organisé le 20 mars denier au sein du parti présidentiel.
Plus surprenant encore est la publication d’un « point de vue » du directeur du pôle politique/actualité de l’Ifop qui livre une charge contre ceux qu’il présente comme porteurs « d’un positionnement relativiste » : l’électorat macroniste est « loin d’être en phase avec les principes d’une laïcité ouverte, libérale et inclusive défendue par cette poignée d’élus et d’intellectuels (Baubérot-Bianco-Taché) qui pourfendent depuis des années la tradition universaliste et républicaine de la laïcité » écrit ainsi François Kraus.
Bernard Gorce"
Lire "Un sondage pour relancer les partisans d’une « laïcité de combat »".
Voir aussi "Les Français et la laïcité : état des lieux" (Fondation Jean Jaurès, 25 mars 19), Observatoire de la laïcité : un sondage pour ne rien dire ! (J.-P. Malosto),
Jean-Louis Bianco (président Observatoire de la laïcité) : « La laïcité n’est pas menacée » (ladepeche.fr , 13 déc. 17), J.-L. Bianco (président Observatoire de la laïcité) : "Je ne crois pas que la laïcité soit en danger" (publicsenat.fr , 27 nov. 17), Jean-Louis Bianco (président Observatoire de la laïcité) : "La France n’a pas de problème avec sa laïcité" (Le Monde, 26 juin 13), Patrick Kessel : "Les propos de Jean-Louis Bianco n’engagent que lui" (25 juin 13), les Communiqués de J. Glavany, P. Kessel et F. Laborde (Observatoire de la laïcité), la rubrique Observatoire de la laïcité (note du CLR).
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