26 avril 2021
Une fonctionnaire de police vient d’être assassinée dans l’entrée de son commissariat par un homme qui aurait accompagné son geste d’un tonitruant « Alla akbar ».
Sinistre répétition d’un meurtre ritualisé au nom d’une croyance.
Qui sont ces assassins ? Des fous de dieu ? Des terroristes ? Des fanatiques ? « Des fantassins de l’horreur », comme les nommait Joseph Macé-Scaron dans son ouvrage L’horreur religieuse ?
Il avait changé depuis quelques temps… Il s’était radicalisé… Il était dépressif, il était en situation irrégulière. La litanie des commentaires occupe tout l’espace médiatique, avec les mêmes mots, les mêmes images. La même résignation.
Comme à chacun de ces drames les réactions ont jailli, souvent dérisoires. L’assassinat de Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider à Magnanville, celui de Samuel Paty à Conflans Sainte Honorine, celui de Rambouillet donnent lieu aux mêmes commentaires et pseudo analyses. « Nous ne lâcherons rien » disent les uns, « nous ne nous livrerons pas à une course à l’échalote » disent d’autres, « il faut expulser tous les étrangers en situation irrégulière » répète à l’envie l’auto-proclamée défenseure de la laïcité.
Ce meurtre n’est que l’aboutissement, et le pire qui soit, d’une politique faite de dénis et de renoncements, de récupérations, un déni qui évoque l’aveuglement des démocraties européennes face à la montée du stalinisme et du fascisme.
Il y a plus de trente ans que les alertes nous parviennent, plus de trente ans que nous regardons ailleurs, plus de trente ans que le fanatisme se nourrit de nos lâchetés, plus de trente ans que l’école a été privée des moyens d’accomplir sa mission, plus de trente ans que nos enseignants ne peuvent plus parler de laïcité, plus de trente ans que nous écoutons, sans vraiment réagir les récits de ces défaites successives.
Ce qui nous arrive aujourd’hui n’est que l’aboutissement de cet aveuglement.
La Laïcité et les droits de l’homme que nous portons doivent être enseignés partout, de l’école au parlement afin que chacun sache que le respect de l’autre et la liberté absolue de conscience sont les seules voies de la paix civile et qu’un meurtre n’est qu’un meurtre et non un argument.
La seule réaction décente qui s’impose aujourd’hui est celle d’une compassion exprimée à l’égard de la famille de la victime et de ses collègues, des policiers dont on oublie trop souvent qu’ils sont l’un des remparts essentiels de nos libertés.
Comité Laïcité République,
le 26 avril 2021.
Comité Laïcité République
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