(A. Shalmani, L’Express, 22 juin 23). Abnousse Shalmani, écrivain et journaliste. 22 juin 2023
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Lire "Radicalisation : la tragique histoire d’une banale famille parisienne, par Abnousse Shalmani".
"[...] Un beau jour de novembre, la jeune fille refuse de manger de la viande, elle se dit dorénavant végétarienne. Cela amuse tout le monde, c’est de son âge. Elle a toujours été sensible. Le grand-père est légèrement dépassé : pour lui, c’était une fierté de servir de la viande à leurs enfants, quand l’argent manquait. Mais il ne l’accable pas, préfère jouer l’humour en lui servant un "steak de tomate" ou un "hamburger d’aubergine". La jeune fille sourit de moins en moins, ne regarde plus en famille les westerns préférés de son père, s’exaspère, jusqu’à quitter la table familiale, en protestant contre le renvoi dans son pays d’origine d’un imam antisémite. La mère, qui n’a jamais fouillé dans les affaires de sa fille, s’inquiète assez pour regarder dans son portable : tous les visages sur les photos sont raturés, particulièrement celui du petit frère, des échanges de messages avec des amies qu’elle ne connaît pas se focalisent sur "Allah, pourvoyeur de bonheur et de mari", un Dieu juste, qui protège les victimes et combat les mécréants colonialistes et esclavagistes.
Collège complaisant
La mère joue la complicité avec sa fille, dont elle a toujours été proche, et l’interroge sur ses croyances. La collégienne se braque, refuse de discuter avec une femme qui a divorcé, qui est devenue une pute, car elle n’a pas respecté ses vœux de fidélité.
La mère, démunie, se poste dans un café, dissimulée aux regards, devant le collège de l’adolescente, où elle remarque un groupe de trois femmes d’une quarantaine d’années intégralement voilées qui discutent avec sa fille et d’autres collégiennes… voilées ! Elle décide d’en référer à la directrice du collège, tout à fait au courant de ce qui se trame dans son établissement : "Oui, c’est le sixième cas de conversion, mais nous n’avons pas considéré que c’était assez grave pour en informer le rectorat. Vous savez, c’est une jeune fille de quartier difficile dont le père est polygame, elle manque de repères, c’est elle qui les a convaincues de se voiler, en dehors de l’établissement, bien entendu ! Il faut la comprendre, c’est une manière de se faire des amies ! Il faut être plus ouvert. Ça leur passera." La mère est suffoquée.
Remarques antisémites
Le discours de la jeune fille se radicalise, ses remarques antisémites s’accumulent, la famille se disloque, le petit frère n’en dort plus. Les parents font alors appel au service de psychiatrie de la Pitié-Salpêtrière. Un mois plus tard, la jeune fille refuse de manger à la table familiale et d’embrasser les membres de sa famille. Puis elle annonce que sa psy va l’accompagner à la mosquée pour sa conversion. La mère se décide à appeler la psychologue et, instinctivement, enregistre la conversation. La psychologue l’agresse en la traitant d’islamophobe, lui assure que sa fille va bien, qu’elle a le droit de choisir sa religion, et que c’est elle qui a un souci avec les musulmans… et que, oui, elle l’accompagnera à la mosquée, vu que ses parents sont incapables de la comprendre et de l’aider. Deux mois plus tard, la mère fait une tentative de suicide.
Il était une fois une histoire vraie. Une banale famille parisienne prise dans les filets du séparatisme islamiste. Il était une fois un mal insidieux qui s’installe, aidé par des lâchetés, soutenu par des peurs, porté par l’indifférence. Il était une fois une banale et joyeuse famille parisienne abandonnée par les pouvoirs publics. Il était une fois une fois une tragédie au pays des aveugles consentants."
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