28 août 2020
[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
Henri Vernet, Eric Diard, Radicalisation au coeur des services publics : Sport, hôpitaux, transports... Ce qu’on ne vous dit pas, éd Jean-Claude Lattès, 2020, 234 p., 19,90 €.
"Éric Diard ne lâche jamais sa proie. Ce député LR des Bouches-du-Rhône - végétarien et militant de la cause animale - s’est fait remarquer l’année dernière en publiant un rapport parlementaire sur les services publics face à la radicalisation, dans lequel il soulignait les résultats pour le moins contrastés de l’action publique sur le sujet. Depuis, l’élu n’a cessé d’enquêter, en compagnie d’Henri Vernet, rédacteur en chef adjoint au Parisien."
Eric Diard, député (LR), rapporteur de la mission d’information sur les services publics face à la radicalisation : "[…] Seule l’ancienne garde des Sceaux Nicole Belloubet nous a confirmé avant son départ que le ministère de la Justice avait adopté 5 propositions sur les 15 que nous lui avions formulées. Parmi ces mesures, il y a la formation à la prévention à la radicalisation à l’Ecole nationale de la magistrature ou encore à l’Ecole nationale d’administration pénitentiaire. Maintenant, un service de police vérifie que les nouveaux surveillants pénitentiaires ne sont pas identifiés par les services de renseignement comme de potentiels radicalisés. Ca peut sembler idiot, mais ça n’était pas le cas jusqu’à présent ! […]
[Patrick Pelloux] m’a raconté des choses terribles sur ce qui se passe en ce moment dans les hôpitaux de France, où le prosélytisme religieux prospère sans que personne ne s’en émeuve. Nous avons aussi longuement échangé avec Denis Masseglia, président du Comité national olympique et sportif français. Lorsque j’ai abordé avec lui le fait que l’Unité de coordination de la lutte antiterroriste avait repéré une vingtaine de sportifs de haut niveau fichés S, il a été secoué. Il n’était pas au courant, car les services de renseignement ne sont pas tenus de l’informer sur ses sportifs ! […]
Le hasard a voulu que je me retrouve dans une radio avec un syndicaliste de la RATP. On débat, on discute. A chaque cas de dérive communautariste que je soulève, il me répond que ce n’est qu’un cas, et qu’on ne peut pas en tirer de généralités... L’émission se termine, nous prenons un taxi ensemble et poursuivons nos échanges. Il tente de me convaincre qu’il y a peu de problèmes de communautarisme à la RATP... Sauf que, en arrivant devant l’Assemblée nationale, le chauffeur de taxi qui avait entendu toute la conversation nous a interpellés : venu d’Algérie dans les années 80, son fils, entré à la RATP six mois plus tôt, se voyait régulièrement rappelé à l’ordre par ses nouveaux collègues, qui l’obligeaient à aller à la mosquée. Le chauffeur de taxi s’est tourné vers moi et m’a dit : « Qu’est-ce qui s’est passé pour qu’on en arrive là ? » [...]
Je prends l’exemple de Michaël Chiolo, qui a attaqué au couteau deux surveillants de la prison de Condé-sur-Sarthe, l’année dernière. On découvre avec stupéfaction que les faits se sont déroulés dans l’unité de vie familiale, ce qui signifiequ’il était considéré comme un « bon détenu. Il était déjà passé par les prisons de Besançon et de Mulhouse, dans lesquelles il avait attiré l’attention du Renseignement en proférant des menaces à l’encontre du personnel et en faisant l’opologie de ce qui s’est passé au Bataclan. Dans cette histoire, on sent bien que l’information n’a pas circulé correctement. […]
Je ne vous raconte pas le nombre de clubs de futsal, de musculation ou de sports de combat qui jouent la carte communautariste en laissant prospérer un prosélytisme religieux inquiétant entre leurs murs, quand ce n’est pas carrément la prière avant les compétitions. Le basket féminin aussi est touché. Dans notre enquête, nous avons été surpris par la force de dénégation qui règne à la tête du ministère des Sports. La ministre, Roxana Maracineanu, a mis un temps fou à nous recevoir et nous a déroulé un argumentaire qui me laisse encore perplexe. En gros, elle nous dit que le communautarisme dans le sport a toujours existé, que c’est le propre même du sport que d’avoir des clubs de foot communautaires portugais ou algériens, qui n’ont jamais posé de problème. C’est certain, mais lorsque le regroupement communautaire se fait sur des critères religieux, ce n’est pas la même chose... Ce à quoi elle répond que le prosélytisme religieux n’est pas interdit. Et lorsque nous pointons les effets délétères de la mise en place de règles qui suivent les préceptes religieux, notamment en matière d’égalité femmes-hommes, elle nous répond qu’elle est très engagée contre les violences sexuelles. Pour elle, le monde du sport c’est comme une pub McDo, vous y venez comme vous êtes, y compris en burkini. [...]"
Lire "Radicalisation dans l’État, le rapport qui fait peur".
Voir aussi dans la Revue de presse le dossier "Les services publics face aux islamistes" (Le Point, 20 juin 19), les rubriques Fonction publique, Entreprise publique, Sport ; le document "Les services publics face à la radicalisation" : rapport de la mission d’information parlementaire (Assemblée nationale, 27 juin 19) (note du CLR).
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