Revue de presse

"Quand un préfet pointe la grande "misère de l’islam de France"" (AFP, 13 jan. 17)

17 janvier 2017

"[...] Le livre n’est pas tendre avec les responsables cultuels, qui ont hésité entre "dénégation" et "réticences", notamment dans le rapport à la violence dans les franges les plus radicales de l’islam. L’auteur critique "celui qui, des années durant, a été la figure publique la plus connue de l’islam de France et, dans le même temps, en a incarné l’impasse", derrière laquelle on reconnaît sans peine le recteur de la grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, deux fois président du Conseil français du culte musulman (CFCM).

"Malgré lui, l’État a favorisé la cristallisation d’une bureaucratie des mosquées, avec une partie d’entre elles qui donne le sentiment, de manière constante, de plus vivre de l’islam que pour l’islam", explique à l’AFP Didier Leschi.

"Ce que ces responsables sont devenus n’est pas attirant pour des jeunes en recherche de spiritualité. Des groupes plus identitaires, salafistes, peuvent leur apparaître comme plus purs", relève-t-il.

Autre "misère", celle des intellectuels musulmans, comme récemment les signataires d’un "appel des 41 personnalités" désireuses d’être associées à la construction d’un "islam de France" alors qu’elles ne sont pas toutes croyantes.

"Des personnes se présentent comme intellectuels musulmans alors qu’elles semblent ne pas s’intéresser au peuple des mosquées, et ne prennent pas assez au sérieux la question de la foi", estime l’auteur. "Il nous manque des Bernanos musulmans", ajoute-t-il, "il y a trop peu de gens qui à la fois réussissent socialement, gardent la foi et s’investissent dans les questions cultuelles".

Mêmes limites dans le champ humanitaire : "Il manque encore cette dimension d’un islam social qui, à partir de la foi, prouve dans ses actes qu’il prend en charge notre commune humanité", note Didier Leschi. En quelque sorte "un Abbé Pierre", que "personne n’a soupçonné de se battre pour le logement des seuls catholiques".

L’essayiste critique en outre la "misère de l’islamophobie", ce concept très controversé, pointant une "volonté d’islamiser la question sociale". Mais aussi une "misère de l’envoilement" même si, évoquant le burkini, il reconnaît que "la bataille essentielle contre un support aussi idéologique" n’est "pas de l’ordre du droit".

Un paradoxe émerge de ce constat sombre : "Sur le plan idéologique, le positif n’apparaît pas mais concrètement, la situation des fidèles musulmans ces vingt dernières années s’est considérablement améliorée, autour des aumôneries, des lieux de culte."

Et "l’État, les pouvoirs publics n’ont pas baissé les bras, en remettant sans cesse l’ouvrage sur le métier".

"On a quand même réussi à installer quelque chose qui s’appelle le CFCM (en 2003, NDLR), une coquille qui reste à remplir", rappelle Didier Leschi."

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