Revue de presse

"Quand LFI milite pour normaliser une pratique patriarcale" (F. Agag-Boudjahlat, lepoint.fr , 16 août 24)

(F. Agag-Boudjahlat, lepoint.fr , 16 août 24). Fatiha Boudjahlat, enseignante et essayiste, Prix national de la Laïcité 2019. 17 août 2024

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"« La France est islamophobe. » On ne reprochera pas à la députée Ersilia Soudais son manque d’esprit de synthèse pas plus que la complexité de sa pensée. Et qu’importe que cette accusation, proférée le 10 août sur X, mette une cible sur le dos de tout un peuple dont elle est une représentante élue. La France a eu le tort de demander que la charte des Jeux olympiques soit respectée. Et celle-ci impose aux athlètes la neutralité politique et religieuse. Or le voile n’est pas neutre. C’était le combat de toutes les féministes universalistes, comme Annie Sugier, de ne pas permettre la normalisation de cette pratique misogyne et de ne pas lui offrir la vitrine des JO de Paris. Et je suis fière de me dire que la France défend pour les femmes d’ailleurs la dignité que les femmes d’ici réclament et dont elles bénéficient.

La France insoumise, tout à son clientélisme ethnique et religieux, milite pour normaliser une pratique patriarcale. Les femmes doivent s’habiller comme elles le veulent. Toujours cette parole paresseuse de militants du progressisme en roue libre. Les femmes iraniennes ne meurent pas pour défendre le droit de se voiler ou non, le libre choix. Elles se battent et sont battues pour le droit de ne pas le porter. Le voile fait de la femme un organe génital total. Il symbolise la Sainte Trinité patriarcale commune à toutes les religions : la femme doit être pudique, pure et discrète. En échange de cette soumission, les hommes accordent alors une liberté conditionnelle. Il n’y a pas de liberté quand celle-ci ne peut s’exercer qu’aux conditions imposées par les hommes.

Librement porté en Occident, le voile est une insulte aux femmes victimes du plus long apartheid de l’Histoire. Les mêmes qui défendent la stratégie du boycott d’un pays et de ses ressortissants comme moyen de coercition efficace, quand il s’agit d’Israël par exemple, refusent le boycott de ces dictatures islamistes traitant les femmes comme des chiens.

Autre argument paresseux : cette interdiction touche plus les femmes musulmanes, elle est donc sexiste en plus d’être islamophobe. Ce n’est pas parce qu’une loi a un effet différent qu’elle est discriminatoire. Piétonne, je ne suis pas concernée par les limitations de vitesse qui sont plus difficiles à respecter pour un conducteur de Porsche que pour le conducteur d’une Zoé. C’est bien l’islam qui traite différemment les femmes, qui est misogyne. Les filles et les femmes doivent donc bénéficier d’une protection plus large.

Le cas de Yifan Hassan, athlète médaillée d’or au marathon des Jeux de Paris, sans voile durant sa course, et bien voilée sur le podium, ou celui de la coureuse française avec une casquette dissimulant un foulard, ont agité les réseaux sociaux. De grandes athlètes. La première, réfugiée d’origine éthiopienne, a été naturalisée néerlandaise en 2013. Ces deux athlètes jouissent d’un État de droit occidental et européen qui garantit la jouissance des droits et l’accès à des opportunités. S’afficher voilée est donc un choix qui n’est pas dicté par un impératif de survie, comme c’est le cas dans toutes les dictatures islamistes, mais le signe d’une servitude d’autant plus librement consentie qu’elle ne s’accompagne pas du cortège de vexations et de privation de droits qui vont avec le voile, partout où il est imposé.

Yifan Hassan a posé sans voile dans plusieurs magazines. Son voile olympique a sonné comme une victoire pour les partisans d’une pratique orthodoxe de l’islam, qui y voient, comme ses détracteurs, un geste politique. Tous les jours où elle ne le porte pas sont une victoire pour les féministes universalistes. Parce que pour qu’un choix soit libre, il doit pouvoir être réversible sans impact négatif pour celui qui change d’avis."


Voir aussi dans la Revue de presse les dossiers JO : vêtements, LFI et islamisme dans La France insoumise (LFI) (note de la rédaction CLR).


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