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Lire "Quand le Hamas multiplie les clins d’œil à la gauche woke"

"Comprendre le Hamas, le Hezbollah, comme des mouvements sociaux progressistes, de gauche, et qui font partie d’une gauche globale, est extrêmement important." "Le Hamas rejette la persécution de tout être humain ou l’atteinte aux droits de celui ou celle-ci pour des motifs nationalistes, religieux ou sectaires." Mêmes idées, mêmes auteurs ? Pas tout à fait puisque la première est signée Judith Butler, philosophe woke auteure de Trouble dans le genre, alors que la seconde provient… du Hamas.

A la fin du mois de janvier, un document intitulé "notre narratif [sur] l’opération Al-Aqsa Flood" a été diffusé par le bureau de presse du Hamas. Il défend, en substance, la légitimité de l’attaque du 7 octobre qui a fait 1200 morts en Israël. Au point d’oser affirmer, au mépris du réel, que "si" des civils ont été visés, cela s’est produit "accidentellement", car ne pas porter atteinte aux civils, aux femmes et aux enfants relève d’une "obligation religieuse et morale".

Le livret, long de seize pages, est truffé d’affirmations du même style. [...]

Tout professionnel de la communication le sait : pour faire passer un message à une audience spécifique, rien de plus efficace que d’adopter ses "codes". Des codes que le Hamas connaît, en réalité, très bien. La majorité de ses fondateurs ont fait des études supérieures. Le n° 2 actuel, Moussa Abou Marzouk, a obtenu, pour sa part, un master de l’université du Colorado et un Phd [doctorat] en génie industriel de la Louisiana Tech University. "Sans compter que le groupe travaille avec des spécialistes de l’opinion, et dispose de toute façon de relais, telle la chaîne qatarie Al-Jazeera, susceptibles de sonder l’opinion publique. [...]

"Ceux qui sont déjà convaincus du bien-fondé de l’action du Hamas ne sont pas la cible principale de ce document, précise Gabriel Weimann. Ils ont déjà choisi que la "décolonisation" et la "résistance" primaient sur tout le reste, quitte à s’arranger avec les paradoxes que cela implique, par exemple en matière de racisme ou de respect des minorités." La cible prioritaire du message serait davantage ce que le spécialiste qualifie de "majorité silencieuse", celle qui n’a pas d’avis tranché, peu ou mal informée, et dont l’opinion dépend grandement de l’écho que les arguments avancés dans le document peuvent avoir auprès d’elle. [...]"