Revue de presse

"Quand islamistes et racialistes s’invitent à la fac" (Le Point, 4 mars 21)

9 mars 2021

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Recherches complaisantes, associations étudiantes communautaristes, intersectionnalité encouragée… À l’université, l’islamo-gauchisme est bien une réalité."

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"[...] Ce phénomène est largement documenté, et de longue date, à travers les travaux de l’ancien Frère musulman qui a quitté l’organisation Mohamed Louizi ou divers rapports établis - et enterrés - par une administration et des pouvoirs politiques hésitants sur la marche à suivre. Il faut relire, huit ans après sa rédaction, l’avis de la « mission laïcité » du Haut Conseil à l’intégration (HCI), aujourd’hui remplacé par l’Observatoire de la laïcité. Ce document, que l’administration s’est refusée à rendre public à l’issue de sa rédaction, fut rédigé en 2013 sous la présidence d’Alain Seksig, qui préconisait à l’époque d’étendre l’interdiction des signes religieux ostensibles à l’enseignement supérieur. Les auditions qui y sont relatées font état de contentieux nombreux concernant « tous les secteurs de la vie universitaire ». Les auteurs de cet avis s’inquiétaient déjà de « l’émergence d’associations étudiantes communautaristes qui militent pour des droits particuliers et sur des motifs identitaires », notamment l’influence de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), à travers l’association des Étudiants musulmans de France (EMF). « Les actions en lien avec le conflit israélo-palestinien ont été nombreuses et ont permis aux militants de l’EMF de se rapprocher des étudiants non pratiquants mais sensibilisés à la cause palestinienne. En outre, l’EMF s’est fait connaître en appelant au boycott des cafétérias non halal de Lille 3 », expliquaient alors les auteurs du rapport.

Annonce de recrutement problématique. Cet activisme religieux est aujourd’hui légitimé et encouragé par d’autres formes de militantisme, qui entendent combattre toutes les oppressions à l’aide d’une approche dite intersectionnelle, qui défend la nécessité de développer des formes de réponses sociales et militantes en combinant les motifs d’oppression. Cette approche teintée de relativisme culturel n’épargne pas la formation des futurs enseignants, qui suivent une partie de leur cursus dans les Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation (Inspé). Ces structures, rattachées aux universités, sont censées préparer les enseignants du primaire et du secondaire à leur mission, notamment en leur transmettant les valeurs de l’école républicaine. Une récente annonce de recrutement d’un maître de conférences en sciences de l’éducation publiée par l’Inspé de Créteil précise, par exemple, que l’universitaire retenu devra « saisir les modalités de construction des problèmes publics et sociaux en éducation, identifier et analyser leur traitement, en lien avec les inégalités de "race", de sexe, de sexualité ou de classe ». L’intervention de la notion de « race » dans la formation des enseignants est pour le moins inhabituelle… « Cela revient à considérer que les futurs enseignants sont, consciemment ou non, intrinsèquement racistes, ou que l’école est raciste par nature », analyse une future enseignante, gênée par ce libellé… Pour Charles Coutel, ancien inspecteur général et auteur de Pour une République laïque et sociale (L’Harmattan), cette formulation pose effectivement problème : « Cette annonce, c’est du Michel Foucault sous psychotrope ! C’est du pur sociologisme qui réduit l’individu à ses appartenances socio-économiques initiales », s’agace-t-il.

Dans un tel contexte, la formation aux questions de laïcité passée au tamis de l’intersectionnalité peut donner lieu à des approches inhabituelles, comme cet autre Inspé qui propose à ses étudiants de « développer une approche scientifique critique [de la laïcité] afin de montrer les effets différenciés parfois discriminants des valeurs de laïcité selon les publics », ou de faire état des « résistances observables à l’aune des représentations et expériences vécues des publics », une formulation qui fait dire à Charles Coutel qu’il s’agit là d’« une approche décoloniale de l’Éducation, qui instrumentalise la laïcité, comme le font les militants de l’extrême droite : tous y voient une machine à broyer les musulmans », explique-t-il. Si l’on commence à former les futurs enseignants en leur expliquant que les principes historiques constituent désormais une menace sur un droit à l’identité, il s’agit effectivement d’un tournant."

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