Président délégué du Comité Laïcité République 27 octobre 2014
Chers amis,
Finalement, les choix sont simples. Et nous sommes à un moment particulier, où il est peut-être encore temps d’éviter dans les années qui viennent à notre pays une expérience politique funeste. Le 25 mai est passé par là, qui a placé le Front national en tête des partis de France.
Allons-nous laisser prospérer ceux qui exaltent encore et toujours les différences ?
Ceux qui veulent d’abord insister sur ce qui nous distingue les uns des autres ?
Ceux qui veulent toujours mettre en avant les soi-disant identités ? Ceux qui veulent toujours se définir ou définir les autres par leur couleur de peau ? Par leur religion, réelle ou supposée ? Par leur origine ethnique ? Par leurs racines, par les liens du sang, par leurs gênes, par leur héritage biologique ? Ceux qui pratiquent l’amalgame permanent, notamment vis-à-vis de la religion musulmane ? Ceux qui postulent que parce qu’on a un nom à consonance arabe on est nécessairement musulman et pire, on est obligatoirement croyant et pratiquant ?
Mais n’a t-on pas le droit aussi dans cette tradition d’être agnostique, d’être athée, d’être critique vis-à-vis des religions, y compris la sienne, de blasphémer ? Il faut croire que non, et l’enfermement communautaire, l’assignation identitaire, ils sont certes l’oeuvre de l’extrême droite - qui en douterait, toute son histoire le démontre ! - mais ils sont aussi l’œuvre de courants différentialistes, essentialistes, communautaristes, « multiculturalistes » disent-ils pour faire « joli », qu’on trouve tout autant à gauche, à l’extrême gauche qu’à l’extrême droite.
Oui, il faut le dire nettement parce que nous sommes à une période importante en termes de choix de société. Certains préparent le terrain pour l’extrême droite en accréditant ses thèses différentialistes, certains légitiment son discours en postulant une prétendue irréductible différence entre les hommes de culture, de religion ou d’ethnies distinctes.
Rappelons-nous, cela n’a pas été inventé par les Afrikaners du régime d’apartheid, cela n’est pas né au Club de l’Horloge, au GRECE ou au FN : il y a précisément trois ans, au printemps 2011, une fondation distinguée qui, dit-on, aurait une influence dans certains courants de gauche, proposait d’édifier en France une « citoyenneté musulmane ». Rien moins.
Mais les mots ont un sens ! Une citoyenneté musulmane pour les musulmans de France, c’est donc logiquement une citoyenneté protestante, juive, catholique, orthodoxe pour tous les croyants de notre pays ! Pourquoi certains et pas d’autres ? Et que fait-on des agnostiques et des athées ? J’arrête là tant nous voyons bien que la confusion des principes gagne y compris – et peut être surtout – certaines de nos élites intellectuelles et médiatiques.
Face à cela, qu’avons-nous à dire ? Tout simplement que nous refusons cette logique de l’exaltation des différences, de la mise en exergue des distinctions, du port en bandoulière de son appartenance à tel ou tel groupe. Voulons-nous être des citoyens ou des membres d’une communauté, astreints à l’assignation identitaire ?
Nous avons choisi ! Nous voulons être des citoyens, dans l’esprit défini par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen à laquelle se réfèrent tous ceux qui dans le monde savent ce qu’elle signifie, et qui le paient parfois très cher. Nous ne sommes pas sots. Nous savons que l’héritage des Lumières est contesté bien au-delà des courants réactionnaires.
Pour nous, les choses sont claires. Nous refusons l’apartheid, qu’il soit pensé par des théoriciens de la Nouvelle droite ou par ceux d’une hypothétique Nouvelle gauche. Nous refusons l’assignation identitaire, le postulat selon lequel parce que nous avons tel ou tel héritage culturel ou cultuel nous y serions cantonnés pour l’existence entière. Nous voulons être des femmes et des hommes libres et égaux en droits. Il y a pour cela des principes intemporels et simples à comprendre et à défendre, sauf pour ceux qui y sont opposés, bien sûr.
Ils ont pour nom Humanisme, Universalisme et Laïcité.
Comité Laïcité République
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