28 septembre 2011
REMISE DES PRIX 2011
DE LA LAÏCITE
DOSSIER DE PRESSE
Vendredi 30 septembre à 17 heures
Hôtel de Ville de Paris
Inscription obligatoire à adresser à Michel Paris : pnyma@aol.com
Renseignements : president@laicite-republique.org
Le vendredi 30 septembre 2011 en l’Hôtel de Ville de Paris à 17 heure
Les prix 2011 de la laïcité, seront remis officiellement à la mairie de Paris par Mme Anne Hidalgo, première adjointe au Maire de Paris, Mme Odile SAUGUES, présidente du jury 2011, députée du Puy de Dôme, M. Pierre BERGE, au nom des fondateurs du Comité Laïcité République et par Patrick KESSEL, Président du CLR.
Le prix national a été attribué à Natalia Baleato,
Directrice de la crèche Baby Loup, pour son action courageuse en faveur de la laïcité au quotidien. Le jury, au-delà des mérites personnels de Mme Baleato a voulu adresser un signal fort pour soutenir son combat, alors que l’affaire sera jugée le 24 septembre prochain devant le Tribunal de Versailles.
Le prix international a été attribué à Nadia El Fany,
Réalisatrice franco-tunisienne, dont le film « Laïcité Inch Allah ! », réalisé avant et au cœur de la révolution de jasmin, témoigne d’un engagement en faveur d’une Tunisie démocratique et laïque. Le jury a souhaité adresser un message de solidarité au peuple tunisien et à travers lui, à tous les peuples arabes qui aspirent à la démocratie, à liberté de conscience, à l’égalité des droits, en particulier entre hommes et femmes et à la justice sociale.
Une conférence de presse sera organisée avec les lauréates à l’issue de la remise des prix.
En 2010, le prix avait été décerné à Mme Isabelle Adjani pour son rôle dans « La Journée de la jupe » et au Président de la République italienne, M. Georgio Napolitano, pour son action en faveur d’une jeune femme plongée dans un irréversible coma depuis de longues années.
LE JURY 2011
Etait présidé par Odile Saugues, Députée du Puy de Dôme,
Et composé de :
et pour le comité Laïcité République de :
LE COMITE LAICITE REPUBLIQUE
Fondé en 1991, à l’occasion de la première « affaire du voile », pour défendre et promouvoir la laïcité, la liberté de conscience, l’égalité des droits de tous les citoyens quelles que soient leurs origines, leur couleur, leur sexe, leurs engagements philosophiques, religieux ou politiques.
Parmi ses fondateurs :
Ont présidé l’association :
Natalia BALEATO
Directrice de la crèche Baby-Loup
Lauréate du Prix National de la Laïcité 2011.
Natalia Baleato est née au Chili en 1955. Très tôt, elle souhaite devenir sage-femme. Durant ses années d’études, elle milite dans le syndicat d’étudiants à Santiago du Chili. Pendant les vacances scolaires, elle participe à des travaux bénévoles, notamment à la création et au fonctionnement de dispensaires sanitaires dans les quartiers populaires de Santiago. Elle travaille ainsi directement avec le professeur Sepulveda, alors l’un des responsables du ministère de la Santé du président Allende et directeur de l’Hôpital d’enfants et de femmes. Plus tard, ce dernier et sa femme trouveront, comme Natalia Baleato, refuge en France.
Après le coup d’état de Pinochet en 1973, elle se refugie en Argentine. Elle y reprend ses études et mène des activités bénévoles dans les faubourgs de Buenos Aires. En 1977, elle doit fuir après le coup d’Etat des militaires et la prise du pouvoir par le sinistre général Videla. C’est sous la protection du Haut Commissariat des Nations Unies qu’elle quitte l’Argentine pour la France. Elle y réside avec le statut de réfugié politique. Au terme de nouvelles études, Natalia Baleato obtient, en 1986, le diplôme de sage-femme et, dix ans plus tard, en 1996, la nationalité française.
Elle exerce d’abord, son métier de sage-femme dans plusieurs établissements hospitaliers de la région parisienne. Dans le cadre d’une formation à l’université, elle anime, parallèlement à son métier, des groupes de paroles auprès des femmes immigrées sur la prévention du sida. Mais très vite elle réalise que ce ne sont pas les préoccupations majeures de ces femmes. Celles-ci ont besoin d’un mode garde de leurs enfants pour pouvoir travailler. Elles ont également besoin de formation professionnelle à des métiers valorisants.
Elle parvient à concilier ces deux objectifs, en créant, en 1991, la crèche associative BABY-LOUP à Chanteloup-les-Vignes, dans le département des Yvelines. C’est au cœur du le quartier populaire et déshérité de la Noé – où se côtoient des personnes de plus de 50 nationalités – qu’ouvrira la crèche et que Natalia embauchera des femmes sans qualification pour les former ensuite aux métiers de la Petite Enfance.
Pour aider les parents qui ont des horaires décalés ou variables et les familles monoparentales, elle décide très vite d’ouvrir cette crèche 24H/24 et 7 j/7. Cela reste à ce jour un concept unique en France ! C’est là une véritable chance pour ces familles, souvent confrontées à une multitude d’obstacles pour trouver un mode de garde adapté à leurs besoins, et qui faute de solution, en arrivent parfois à renoncer à un emploi.
Natalia Baleato se bat pour obtenir des autorisations, des subventions. Elisabeth Badinter la soutient et devient la marraine de la crèche.
La Fondation du journal Elle soutient également le projet.
Le journal Femme actuelle, associé à France Info l’élit « FEMME D’EXCEPTION » en novembre 2009.
Mais c’est essentiellement pour d’autres raisons que la crèche Baby-Loup va faire, ces dernières années, la "une" de l’actualité.
En 2008, une de ses employées réintègre son poste à la suite d’un congé parental. Portant, dans le civil, un voile, elle exige de le porter au sein de l’établissement, dans l’exercice des ses fonctions. Elle sait pourtant cette attitude contraire au règlement intérieur – très explicite – de la crèche.
La Halde (alors présidée par M. Schweitzer), saisie par la salariée, donne un avis favorable à cette dernière. En 2010, son éphémère successeur(e), Mme Jeannette Bougrab, affirme publiquement vouloir revenir sur cet avis, mais, nommée au gouvernement, ne peut mener ce projet à bien. C’est sous la dernière présidence de M. Molinié que la Halde délibèrera à nouveau, en février 2011, dans un sens bien plus favorable à la direction de la crèche.
Le 13 décembre 2010, le Conseil des Prudhommes de Mantes-la-Jolie a rendu son jugement, déboutant la plaignante pour non-observation du règlement intérieur de la crèche et insubordination caractérisée. Cette dernière a fait appel et l’affaire sera à nouveau jugée devant le tribunal de Versailles le 12 septembre prochain.
Entre temps, Natalia Baleato a reçu le soutien de nombreuses personnalités, d’associations et institutions laïques, tel le Haut Conseil à l’intégration, qui pensent, comme l’a justement dit Elisabeth Badinter, que « c’est l’avenir de notre société qui se joue à Chanteloup ! ».
La remise du Prix Laïcité du Comité Laïcité République à Natalia Baleato, le 30 septembre prochain à la Mairie de Paris, sera ainsi un signal très fort pour soutenir son combat, notre combat pour la laïcité, pour la défense et l’illustration des valeurs de la République.
Nadia EL FANI
« Laïcité, Inch Allah ! »
Jour2Fête - K’ien Productions (Paris- France) & Z’Yeux Noirs Movies (Tunis-Tunisie)
Lauréate du Prix International de la Laïcité 2011.
Synopsis
Août 2010, en plein Ramadan sous Ben Ali et malgré la chape de plomb de la censure, Nadia El Fani filme une Tunisie qui semble ouverte au principe de liberté de conscience et à son rapport à l’Islam…
Trois mois plus tard, la Révolution Tunisienne éclate, Nadia est sur le terrain.
Tandis que le monde arabe aborde une phase de changement radical, la Tunisie, ayant insufflé le vent de révolte, est à nouveau le pays laboratoire quant à sa vision de la religion.
Et si, pour une fois, par la volonté du peuple, un pays musulman optait pour une constitution laïque ? Alors, les Tunisiens auraient vraiment fait « La Révolution ».
Le film est en salles depuis le 21 SEPTEMBRE 2011
Note d’intention de la réalisatrice, Nadia El Fani
Durant le montage de mon précédent film documentaire, « Ouled Lenine », j’ai cherché les traductions de l’Internationale. En les écoutant attentivement, je me suis aperçue que dans la version arabe, le début du second couplet « Il n’est pas de sauveur suprême, Ni Dieu ni César ni tribun… » n’avait pas été traduit littéralement mais remplacé par une phrase sans rapport avec la version originale…
Cette "non" traduction en disait long : La référence au refus de l’autorité de Dieu est un tabou impossible à transgresser en terre d’Islam... Même chez les communistes, la règle était respectée ! Tant il est vrai que ceux qui osent se déclarer athées risquent la mise au banc de la société, la prison, voire leur vie.
Je décidai donc, au mois d’août 2010, de partir tourner en plein mois du Ramadan un film intitulé à l’époque : « La Désobéissance ». J’avais décidé d’être partie prenante de mon film… De me filmer moi-même dans ce combat qu’il me semblait utile de livrer pour tenter une avancée vers la liberté d’expression… C’était avant la révolution ! Six mois avant la chute de Ben Ali…
Filmer notre quotidien pendant le mois de Ramadan était pour moi la meilleure façon d’illustrer l’emprise totale de la religion sur la société. Ce fameux mois saint où l’on doit observer un jeûne total de l’aube au coucher du soleil.
Comment dire, exprimer le désarroi des athées, agnostiques ou autres "irréligieux", qui sont si impuissants face à l’oppression religieuse ? Dans un état où il est décrété que tout le monde appartient à la même religion, il est d’autant plus compliqué de se réclamer d’une idée et d’une pensée au mieux ignorée, au pire dénigrée et combattue. Comment pourrait-on se sentir libre alors qu’il n’existe aucune association de taille qui défende la liberté de conscience ?
D’autant que face à cette déferlante religieuse, les esprits critiques et notamment les libre-penseurs et athées sont d’emblée suspects de sympathies pour l’Occident, donc de trahison.
Quand le religieux envahit l’espace public au point de condamner l’athéisme à se cantonner au seul domaine privé, la liberté du citoyen n’est pas respectée et la perspective de développement n’est qu’un leurre. C’est pour lutter contre ce danger qu’il m’est apparu impératif de dire que nous existons mais aussi de le faire savoir au monde entier…
Au lendemain du 14 janvier 2011, j’étais de nouveau à Tunis… Pendant l’occupation de la Kasbah… Nous réclamions la chute totale de la dictature… J’étais là, j’observais, les gens spontanément venaient me parler... Ils parlaient à ma caméra, au monde, aux autres… Soif de paroles libres, décomplexées. Et soudain je découvrais les miens comme ils me découvraient... Avec un immense besoin d’échange ; cette parole qui venait panser les plaies d’une dictature subie trop longtemps solitairement, car nous étions tous devenus paranoïaques !! Cette place de la Kasbah devenait le symbole de notre solidarité, il suffisait que quelqu’un entonne notre hymne national pour que la foule le reprenne en hurlant à tue-tête pour extirper cette rage de l’humiliation collective... L’émotion que cela provoquait en nous tous se lisait dans les regards... Nous étions comme drogués à la politique...
La question de la laïcité s’est imposée comme question centrale pour le futur de notre pays… Et déjà les islamistes tentaient de récupérer ce qu’ils n’avaient pas vu venir : La Révolution… Mais pour moi, la Révolution ne sera que si le peuple vote pour une constitution laïque…
L’option, de me filmer moi-même, et/ou d’apparaître en tant que sujet/acteur de ce documentaire ne correspond pas à l’assouvissement d’un désir narcissique mais bien aux besoins de m’impliquer politiquement dans ce débat tout juste naissant au Maghreb, de la possible existence d’un "islam moderne". Des actes citoyens pour faire avancer le concept de laïcité, de part et d’autre de la Méditerranée sont accomplis chaque jour par des artistes, des intellectuels, des figures politiques… Je veux me mêler aux anonymes qui font de même. Sortir de l’isolement qui m’a conduite à l’exil…
La motivation profonde
À l’heure où la France est bouleversée par l’émergence d’un islam politique qui se heurte à la laïcité, où une nouvelle loi sur le voile a réveillé "la menace islamiste" selon l’expression consacrée du ministère de l’Intérieur...
À l’heure où les Etats-Unis, après avoir utilisé et soutenu les mouvements fondamentalistes musulmans à travers le monde et notamment en Afghanistan, continuent de faire planer le spectre d’une guerre de religions…
À l’heure où il est clair qu’après la disparition de "l’ennemi commun à l’Est", les musulmans font figures de cibles idéales…
À l’heure où "Les printemps arabes" semblent faire des petits du côté de l’Europe
À l’heure où le mot "banlieue" n’est employé qu’au pluriel pour désigner un "territoire" qui échapperait à la République et qui serait peuplé par les anciens indigènes...
À l’heure où les immigrés ne sont toujours pas les bienvenus et que leurs enfants semblent pris au piège de la question identitaire...
Au fil des ans, au regard des films que j’ai fait ou de ceux que je projette de faire, force m’est de constater que la question identitaire est toujours présente dans les thèmes que je choisis. Et elle est, d’une manière quasi obsessionnelle, accompagnée d’une volonté farouche de contrer les clichés, ou même de les ignorer pour dessiner, à travers mes images, le paysage d’un monde arabe ancré malgré tout dans une modernité qu’on se refuse à lui reconnaître.
Sans doute ma double appartenance (franco-tunisienne) me rend-elle plus sensible, plus réactive à toute forme d’idées reçues, énoncées çà et là dans des discours, et qui tendraient à diviser en entités fictives l’Occident et l’Orient, sous-entendu : "Nous" et "Eux". Mais lorsqu’on appartient, à l’instar de quelques millions de français aujourd’hui, à la fois à "Nous" et à "Eux", pour ne pas céder à cette vision réductrice du monde, et pour ne pas tomber dans la facilité qui consiste à penser que les civilisations sont immuables et imperméables les unes aux autres, il semble impératif de participer à ce débat tout juste naissant aujourd’hui au Maghreb : la laïcité.
Faire témoigner celles et ceux qui, de l’autre côté de la Méditerranée, luttent pour un humanisme laïque, ultime rempart s’il en est contre la barbarie, sera l’occasion de rappeler qu’aucun peuple ne trouve de grandeur sans l’expression de sa diversité.
Et, comme l’énonçait si bien Edward Saïd (philosophe palestinien et américain) : "Si nous devons tous vivre – c’est notre impératif – nous devons captiver l’imaginaire non pas seulement de nos peuples, mais celui de nos oppresseurs. Et nous devons demeurer fidèles à des valeurs démocratiques et humanistes. "
Nadia EL FANI
Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris
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