15 juin 2018
[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]
"Au nom du peuple
Les démocraties "illibérales" qui se développent en Pologne et en Hongrie reconnaissent le principe des élections libres mais nient la légitimité du pouvoir des juges, les libertés publiques et le pluralisme de la société civile. Ces régimes sont-ils encore démocratiques ?
Il fait si chaud, en ce jour de juillet 2014, que Viktor Orban a troqué son costume-cravate pour une chemisette bleu ciel à col Mao. L’allocution qu’il prononce alors dans la petite ville transylvanienne de Baile Tusnad n’a pourtant rien d’un aimable discours estival : devant ses partisans, le chantre de la « révolution nationale » hongroise revendique haut et fort un mot qui fleure bon la tentation autoritaire : « illibéralisme ». Le nouvel Etat que nous construisons en Hongrie, proclame le premier ministre, n’est ni un Etat-nation, ni un Etat libéral, ni un Etat-providence : il est « illibéral ».
Démocratie illibérale ? A première vue, l’expression a un petit air de paradoxe, voire d’oxymore, tant la démocratie a toujours, en Occident, rimé avec le libéralisme constitutionnel. « Ce terme renvoie à la tradition, profondément enracinée dans l’histoire occidentale, qui cherche à protéger l’individu de la contrainte, quelle qu’en soit la source : l’Etat, l’Eglise ou la société, analyse, en 1997, l’essayiste américain Fareed Zakaria dans la revue Foreign Affairs. Il est libéral parce qu’il se nourrit du courant philosophique, né avec les Grecs, qui met l’accent sur la liberté individuelle. Il est constitutionnel parce qu’il repose sur la tradition, inaugurée par les Romains, de l’Etat de droit. »
Séparation des pouvoirs, indépendance de la justice, défense de la liberté d’expression : le libéralisme politique, résume Fareed Zakaria, prône le contrôle des pouvoirs et l’égalité devant la loi. [...]
En Europe, la démocratie électorale et le libéralisme politique sont souvent allés de pair mais cette époque semble révolue : si [les] dirigeants d’Europe centrale acceptent la libre compétition dans les urnes, [certains] se passeraient volontiers des libertés publiques. [...]"
Lire "Pologne, Hongrie... ces démocraties « illibérales » qui remettent en cause l’Etat de droit".
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