26 septembre 2013
"Le renouvellement du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) crée une onde de surprise et de colère chez les parlementaires de droite et les autorités religieuses dont plus aucune ne siège désormais. Les premiers dénoncent la manœuvre politique qui vise à « changer en douce la couleur » du CCNE à l’approche des débats majeurs sur l’euthanasie et l’ouverture de l’assistance médicale à la procréation (AMP) aux couples homosexuels, alors que des personnalités connues pour leur sensibilité à gauche ou leur amitié avec François Hollande viennent d’être nommées par ce dernier. Les seconds sont consternés d’avoir purement et simplement été évincés du comité, sans préavis.
On est si indigné à la Fédération protestante de France (FPF) que le président, le pasteur Claude Baty, vient de rédiger un courrier au chef du bureau des cultes, au ministère de Manuel Valls. « En plus, nous avons découvert ça par voie de presse », grince la FPF.
Le président du CCNE, Jean-Claude Ameisen, nommé il y a un an par François Hollande, récuse toute tactique politique en affirmant que « l’histoire du CCNE n’a pas toujours compté de religieux en son sein » et que « la diversité des sensibilités l’a toujours composé ». Mais les procédés utilisés en coulisse jettent la suspicion.
Pour la première fois, les autorités religieuses n’ont pas été consultées en vue du renouvellement. Par tradition, même si les nominations sont faites par le président de la République, elles ne sont pas « directes ». Une liste est demandée par le gouvernement aux instances religieuses qui proposent chacune un nom. « C’est comme ça que, moi-même, j’ai été élu, explique le pasteur Louis Schweitzer, dont le siège n’a pas été reconduit ni signifié qu’il en serait ainsi. Or cette fois nous n’avons pas été consultés ». Scénario identique pour le rabbin Michaël Azoulay, lui aussi évincé et non avisé. « Je suis encore sous le coup de la surprise, avoue le rabbin. C’est un manque d’élégance étonnant, mais, surtout, un préjugé réducteur et choquant sur la capacité des religieux à pouvoir penser librement et intelligemment. Comme si on arrivait dans tout débat uniquement avec nos dogmes et des idées préconçues, incapables de réflexion, indifférents à la richesse apportée par les autres membres très compétents du CCNE ! Les lignes de ma réflexion ont au contraire souvent bougé dans ces échanges, c’est même ce que j’ai particulièrement apprécié dans mon mandat. »
Désormais, les 4 postes sur les 39 membres au total qui, dans les textes sur la composition du comité, sont nommés « en raison de leur appartenance à une famille religieuse », comme l’explique le président du CCNE, sont occupés par quatre laïcs, spécialistes des questions judaïques, catholiques, protestantes et islamiques. Deux d’entre eux siégeaient déjà : Xavier Lacroix, pour la sensibilité catholique, et Ali Benmackhlouf pour l’islamique. « Avec l’absence de tout religieux, le message est clair : le retour à une laïcité musclée », prédit le pasteur Schweitzer. [...]"
Comité Laïcité République
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