Revue de presse

"Plus de 10 pays arabo-musulmans punissent les boycotteurs de ramadan en public" (liberation.fr , 7 juin 16)

9 juin 2016

"Au Maroc La punition est la plus radicale. Elle est inscrite dans le Code pénal via l’article 222, qui stipule que « tout individu notoirement connu pour son appartenance à l’islam qui rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le ramadan est passible de un à six mois d’emprisonnement et d’une amende ».

Il y a de nombreux précédents dans le royaume. Le plus récent date de l’été 2015 où cinq personnes ont été arrêtées lundi 6 juillet à Marrakech sur la place Jemaâ El Fna pour avoir bu un jus d’orange en plein après-midi. Autant d’arrestations dénoncées par certains citoyens, notamment regroupés dans le MALI (ce mouvement avait d’ailleurs tenté d’organiser un pique-nique public pendant le ramadan en 2009 avant d’être bloqué par les forces de l’ordre).

En Algérie L’article 144 bis 2 du Code pénal instaure « des peines d’emprisonnement de trois à cinq ans pour quiconque offensera le prophète (…) et dénigrera les dogmes de l’islam par voie d’écrit, de dessin, de déclaration et de tout autre moyen ». Une loi vague mais suffisamment pour incriminer les « dé-jeûneurs » du ramadan. Plusieurs Algériens en ont déjà fait les frais à coups de brimades et d’intimidations. En 2010 la sanction de la part de la justice algérienne a été particulièrement lourde : près de quinze personnes avaient été jugées pour« atteinte à l’islam », dont Farès, un jeune qui a pris deux années ferme. Il s’agit du premier Algérien incarcéré dans le pays pour ne pas avoir jeûné. A noter que cet article de loi est en contradiction avec la Constitution algérienne qui stipule que « la liberté de conscience et la liberté d’opinion sont inviolables » (article 36).

En Arabie Saoudite Le royaume est le seul pays à imposer le respect du jeûne du ramadan sur la place publique à tous, y compris à ses résidents étrangers (près de 9 milllions) non musulmans sous peine d’expulsion. Si cette obligation n’est pas incrite dans le loi, elle émane directement du ministère saoudien de l’Intérieur (par communiqué).

En Jordanie Le droit pénal comprend « le crime d’honneur » dont fait partie le dé-jeûne : « Celui qui mange en public pendant la période de jeûne du mois de ramadan sera puni d’un mois d’emprisonnement ou contraint à payer une amende », stipule l’article 274.

Aux Emirats Arabes Unis L’obligation d’observer le jeûne est inscrite dans le Code pénal émirati. Il s’agit de l’article 313 qui prévoit une peine pouvant aller jusqu’à plus de 500 dollars d’amende et même un mois d’emprisonnement.

En Egypte Ne pas jeûner pendant le ramadan n’est pas un acte pénalement répréhensible. Ce qui n’a pas empêché des Egyptiens d’être arrêtés pour flagrant délit de déjeuner : c’est le cas d’un habitant d’Assouan, une ville du sud du pays, en 2010. Les policiers ont en fait appliqué une loi en vigueur à l’époque, sous le régime du dictateur déchu Hosni Moubarak, qui leur permettait de définir eux-mêmes ce qui constituait une « atteinte à l’ordre public ». C’est illégal aujourd’hui mais la pression sociale est de leur côté. D’alleurs, la plupart des restaurants et cafés n’ouvrent pas avant l’heure du ftour (le repas pris par les musulmans au coucher du soleil pour rompre le jeûne).

En Tunisie Unique Etat laïc dans le monde arabe, la Tunisie permet à tout un chacun de jeûner ou pas. Cela dit, si de nombreux Tunisiens mangeaient et buvaient au grand jour à une époque (on se souvient de l’appel émis par feu le président Bourguiba en 1961 de ne pas respecter le jeûne pour combattre le sous-développement), la pression sociale est de plus en plus forte."

Lire "(Dé)jeûner en public, symbolique, interdits, recettes light... le ramadan dans tous ses états".



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