Revue de presse

Plainte pour « blasphème » en Alsace contre Castellucci (republicain-lorrain.fr , 17 nov. 12)

19 novembre 2012

"À Strasbourg, où elle a été jouée mercredi et jeudi soir au théâtre du Maillon, la pièce de Roméo Castellucci, Sul concetto di volto nel figlio di dio ("Sur le concept du visage du fils de Dieu") va connaître des suites judiciaires.

C’est toute la différence entre la France de l’intérieur et l’Alsace-Moselle. Dans la première, le délit de blasphème a été aboli en 1791. Dans les trois autres départements, il existe encore. C’est l’un des héritages de l’annexion par l’Empire d’Allemagne entre 1871 et 1918. Le fameux droit local. L’association Avenir de la Culture en connaît visiblement les finesses. Depuis des mois, elle combat cette pièce durant laquelle une représentation du visage du Christ est recouverte d’un liquide sombre avant de se gondoler et de se déchirer. Pour ces intégristes, l’image est « souillée » car « recouverte d’excréments » là même où l’Église officielle n’y a jamais rien vu de blasphématoire. Ils ont attendu que la pièce tourne en Alsace pour saisir le parquet de Strasbourg en vertu de l’article 166 du Code pénal d’Alsace et Moselle [...].

« Alors que la notion même de blasphème ne devrait pas exister, puisque dans un État laïc, une religion est une doctrine comme les autres, on vient aujourd’hui utiliser cet article absurde pour censurer une œuvre d’art. C’est extrêmement choquant », lâche Michel Seelig, président du Cercle Jean-Macé de Metz. L’affaire tombe à pic pour les associations laïques qui relancent une énième croisade pour demander la suppression « graduelle et négociée » des ingérences du religieux dans la vie publique alsaco-mosellane, où la loi de séparation de l’Église et de l’État de 1905 n’est pas en vigueur. Comme le financement par l’État des ministres des quatre cultes « reconnus » (catholique, les protestants luthériens et réformés, et israélite). Ou l’enseignement religieux obligatoire dans les écoles publiques.

Les chantres de la laïcité ont cru tenir le bon bout en entendant le discours du candidat Hollande au Bourget, désireux de constitutionnaliser le principe de séparation de l’État et de l’Église. « Malheureusement, sous la pression de certains lobbys, la formule "sous réserve des dispositions particulières en vigueur en Alsace et Moselle" y a été ajoutée. On sanctuariserait ainsi la séparation dans la majeure partie du territoire, tout en sanctuarisant son contraire, le Concordat et autres textes d’un autre siècle, dans les trois départements du Nord-Est », soulignent Michel Seelig et Pierre Jullien, président de la Fol (Fédération des œuvres laïques) de Moselle."

Lire "L’Alsace-Moselle ressuscite le délit de blasphème".


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