Revue de presse

"Philippe Dechartre (1919-2014), résistant et gaulliste de gauche" (Le Monde, 10 av. 14)

12 avril 2014

"Philippe Dechartre fut une figure d’un courant politique que les moins d’un certain âge pourraient avoir du mal à identifier : les gaullistes de gauche. Plusieurs fois membre de gouvernements de droite, il appela néanmoins à voter en 1981 pour François Mitterrand. Mais ce gaulliste « de la première heure », selon l’expression consacrée, fut d’abord un résistant. Il est mort le 7 avril à Paris à l’âge de 95 ans.

De son vrai nom Jean Duprat-Geneau, ce fils d’un inspecteur général des chemins de fer est né le 14 février 1919 à Truong Thi (Vietnam, alors Indochine française). Lycéen au Havre, puis à Louis-le-Grand, à Paris, il obtient ensuite une licence en droit. Après avoir été prisonnier de guerre en 1940, il s’investit dans les réseaux clandestins et, en 1943, devient chef de la zone nord du mouvement de résistance des prisonniers de guerre et déportés.

C’est dans ce contexte que, lors d’un rendez-vous fixé au printemps 1943 à Lyon sur un quai de gare, « Dechartre » croise la trajectoire de « Morland », le jeune François Mitterrand devenu cadre de la Résistance après une première période maréchaliste. Cette rencontre scellera entre eux une relation durable, même s’ils ne furent jamais, à proprement parler, des proches.

En 1944, Philippe Dechartre est à Alger auprès du Gouvernement provisoire de la République française, délégué général des prisonniers de guerre, déportés de la Résistance et déportés du travail. C’est à Alger qu’il avait coutume de situer le début de son action politique à Alger lorsque, convoqué par le général de Gaulle, celui-ci lui aurait dit : « Vous appartenez à la gauche humaniste et moi je veux le rassemblement des Français. J’ai besoin de vous. Formez un noyau de militants. Je vous aiderai ».

Toujours à Alger en 1944 puis en 1945 dans Paris libéré, il est membre de l’Assemblée consultative provisoire qui rassemble les représentants de tous les mouvements résistants. Après avoir été secrétaire général de l’entraide pour les prisonniers de guerre et déportés rapatriés, Dechartre démarre en 1946 une carrière dans la culture et l’audiovisuel. Producteur-réalisateur d’émissions, metteur en scène de spectacles de son et lumière, il est en 1952 directeur des chorégies d’Orange puis du festival du théâtre antique d’Arles.

A partir de 1965, il est membre du comité des programmes radio de l’ORTF (Office de radiodiffusion télévision française) puis, jusqu’en 1969, directeur général de l’Office de coopération radiophonique (OCORA). Il est aussi expert à l’Unesco et assume diverses responsabilités associatives en lien avec la coopération. Mais la politique va bientôt reprendre la première place.

C’est d’abord sous les couleurs du parti radical-socialiste que ce franc-maçon, membre du Grand Orient de France, brigue par deux fois en 1958, en vain, la députation dans le département de la Seine à l’occasion de législatives partielles. Puis il rejoint le gaullisme de gauche, notamment à l’UDT (Union démocratique du travail). Morcelé en divers petits partis aux noms changeants, appelé aussi gaullisme social et parfois « travaillisme à la française », ce courant ne parviendra jamais à dépasser son statut de force d’appoint malgré quelques personnalités d’envergure et sa contribution à la cause de la participation des salariés à la gestion et aux bénéfices des entreprises.

A partir de 1966, Dechartre est secrétaire général de l’Union de la gauche Vème République, une formation appartenant à la majorité présidentielle. [...]"

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