Note de lecture

Perline et Th. Noisette - Le vote électronique contre la démocratie (E. Marquis)

par Eric Marquis. 13 juin 2009

[Les échos "Culture" sont publiés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Perline et Thierry Noisette, Vote électronique. Les boîtes noires de la démocratie, In libro veritas, 2008, 110 p., 14 e.

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Le vote électronique a été expérimenté sur une grande échelle (1,5 million d’électeurs) lors de l’élection présidentielle de 2007, grâce notamment au soutien sans faille d’un ministre de l’Intérieur nommé Nicolas Sarkozy… Dans les entreprises, le « e-vote » a de plus en plus la faveur des patrons pour les élections des représentants du personnel.

Les journalistes scientifiques Perline et Thierry Noisette, spécialistes des médias électroniques, publient une étude très documentée. Le bilan est accablant. Le vote électronique n’est pas fiable en termes de sécurité (confidentialité du vote) ; par rapport au vote « traditionnel », il est plus contraignant pour l’électeur, coûte finalement plus cher, n’est pas plus écologique, ne facilite pas davantage l’accès des personnes handicapées…

Partout dans le monde où il a été expérimenté, le vote électronique a donné lieu à de nombreux incidents, indignes de la démocratie, ce qui a amené plusieurs pays à faire marche arrière et à revenir au vote « papier ». En France, l’« e-vote » a été introduit sans aucun débat démocratique, ni au Parlement ni dans les villes concernées. D’ailleurs, après des expériences désastreuses, plusieurs d’entre elles sont revenues en arrière (Amiens, Sceaux, Cannes, Clichy, Grenoble, Saint-Malo, Le Perreux).

Reste une objection de principe. « L’expression du vote, le dépouillement et le décompte des voix passent par des programmes et des machines », un « processus opaque » qui « réserve à des fournisseurs de machines et de logiciels et à une poignée de techniciens le pouvoir de “vérifier” le vote » (au nom du secret industriel, les programmes ne sont pas accessibles aux citoyens). Les machines à voter rendent « opaque ce qui était visible », mettent fin à une « communion citoyenne ». Alors, « pourquoi passer d’un système éprouvé, celui des bulletins et enveloppes, à un autre expérimental qui suscite méfiance et critique ? » La réponse relève sans doute non du débat démocratique, mais du commerce.

Eric Marquis


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