Revue de presse

"Pas de printemps pour la liberté religieuse" (lavie.fr , 8 jan. 14)

8 janvier 2014

"En Corée du Nord, cette année, les chrétiens ont célébré Noël cachés, au péril de leur vie. Ils seraient par ailleurs quelques 70 000 à croupir dans des camps de prisonniers en raison de leur foi. Une situation qui vaut à la Corée du Nord la première place dans l’Index mondial des persécutions de l’association protestante évangélique Portes Ouvertes qui milite pour soutenir les Eglises persécutées et publie ce 8 janvier, comme chaque année, son classement des pays où il fait le plus mauvais vivre pour les chrétiens.

Pressions quotidiennes, emprisonnements, torture, assassinats, interdiction de participer à la vie publique, fermetures d’églises... Les chrétiens sont, dans le monde, la première cible en termes de persécutions religieuses. Ainsi, plus de 150 millions de chrétiens souffrent de discriminations graves ou d’actes de violences, que ce soit de la part de personnes d’autres religions ou de régimes totalitaires et d’après l’Aide à l’Eglise en détresse, autre organisme spécialisé sur la question, 75 % des actes de répression religieuse visent des chrétiens .[...] Mais les chrétiens ne sont pas les seuls concernés. Le bilan de la liberté religieuse est, de façon générale, plutôt alarmant, si l’on en croit le rapport 2013 de la Commission des Etats-Unis sur la liberté religieuse dans le monde (avec lequel Portes ouvertes recoupe ses données).

La Corée du Nord relève d’un premier type de persécutions. Celles liées à un régime totalitaire qui considère toute religion comme une menace à l’autorité absolue du gouvernement. Il y règne un culte extrême de la personnalité : on doit y vénérer vénérer la famille Kim, celle des dictateurs qui dirigent la Corée du Nord depuis sa création en 1948, comme une famille de dieux. Tous les Coréens doivent adhérer aux « Dix principes de l’idéologie unitaire », qui reprennent les grands principes du communisme (souvent appelés Juché), sous peine d’amendes lourdes, de sanctions, d’emprisonnements, de torture ou d’assassinat. [...]

Les chrétiens ne sont pas la seule cible des répressions de ces pays communistes, post communistes ou corrompus comme la Corée du Nord ou encore la Chine, le Vietnam, l’Ouzbékistan et le Tajikistan. En Chine, le 15 décembre, seize personnes ont été tuées lors d’une opération des forces de l’ordre dans une ville chinoise du Xinjiang, sept semaines après un attentat commis à Pékin et officiellement imputé à des extrémistes de cette région musulmane. [...]

Sous prétexte de vouloir maintenir « l’harmonie » nationale, le gouvernement chinois contrôle étroitement les groupes religieux qui doivent s’enregistrer auprès des autorités sous peine d’être persécutés : il existe ainsi une église catholique « officielle », encadrée par Pékin et décrite par Benoît XVI comme « incompatible avec la doctrine catholique », et une autre « souterraine », fidèle à Rome. Les prêtres « souterrains » font l’objet de pressions morales permanentes, de tentatives de corruption, quand ils ne sont pas enlevés et torturés.

La deuxième cause majeure de persécution religieuse est l’extrémisme religieux et notamment le terrorisme islamiste comme au Nigéria, en Irak, en Iran, en Egypte, en Somalie ou encore au Pakistan qui a connu en 2013 la pire attaque contre les chrétiens de son Histoire. Le 22 septembre 2013, 89 chrétiens ont été tués dans un double attentat suicide à la sortie de l’église catholique de Tous Les Saints (All Saints Church) à Peshawar et la pression ne cesse d’augmenter. Une situation qui vaut au Pakistan d’occuper la 8ème place du classement de Portes Ouvertes, qui explique : « Les chrétiens pakistanais sont regardés avec suspicion et discriminés. Il est même dangereux pour eux de garder de la littérature chrétienne chez eux car ils risquent de se faire accuser de blasphème contre le prophète de l’islam. En effet, dans ce pays, la loi sur le blasphème rend aisées ces accusations souvent formulées dans le but de régler un différend personnel. Les chrétiens doivent toujours être très prudents et ce à chaque instant, et ceux d’origine musulmane sont encore plus exposés car ils sont surveillés et persécutés par leur famille et leurs voisins. »

Triste emblème de cette loi sur le blasphème, la jeune mère de famille chrétienne Asia Bibi condamnée à mort et emprisonnée depuis 4 ans pour « blasphème envers Mahomet », a adressé une lettre au Pape pour Noël . Elle se livre sur ses conditions de détention : « Cet hiver, je suis confronté à de nombreux problèmes : ma cellule n’a pas de chauffage et a une porte adaptée à l’abri du froid glacial , même les mesures de sécurité ne sont pas suffisantes, je n’ai pas assez d’argent pour les besoins quotidiens et sont très loin de Lahore. Donc, ma famille ne peut pas m’aider. »

Le terrorisme islamiste se développe d’autant plus que l’Etat est fragilisé ou en déroute. Parmi les dix pays classés en haut du classement de l’index 2014, on trouve six Etats dits « défaillants » : la Somalie (2), la Syrie (3), l’Irak (4), l’Afghanistan (5), le Pakistan (8) et le Yémen (10). Parmi ces Etats, bon nombre ont fait partie de la vague des printemps arabes. « C’est un véritable "hiver chrétien" qui devient glacial dans certains des pays musulmans ayant connu le printemps arabe, poursuit le rapport de Portes Ouvertes : en Syrie et en Egypte, les chrétiens ont continué à subir de graves violences en 2013. L’Egypte est le pays où les chrétiens ont subi le plus de violence : au moins 167 actes violents de persécution avérés et plus de 492 tentatives de fermetures d’églises ou bâtiments annexes en Egypte. La Syrie détient le triste record du nombre de chrétiens assassinés avec 1213 assassinats avérés de chrétiens en Syrie, dépassant ainsi le Nigeria.

Faut-il le rappeler ? L’islamisme frappe aussi les musulmans. Au Pakistan composé à plus de 96 % de musulmans sunnites, les ahmadis, une branche réformée de l’islam où Jésus occupe une place privilégiée, font eux aussi l’objet de persécutions. Ils ne disposent pas du droit de vote, certaines boutiques leurs sont interdites et des prédicateurs enseignent que tuer des ahmadis conduit au paradis. En décembre, un médecin ahmadi de 72 ans a été jeté en prison au motif qu’il s’était présenté comme « musulman » et un homme s’est vu interdire l’accès à un cimetière par un groupe de religieux alors qu’il venait enterrer sa femme.

Alors, faut-il rester ou fuir ? Dans son message de Noël publié par le journal libanais L’Orient Le Jour Grégorios III, le patriarche grec-melkite d’Antioche et de tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem, a fortement appelé les chrétiens à ne pas abandonner la région en soulignant la nécessité d’un « front commun » entre chrétiens et musulmans face à la montée de « mouvements fondamentalistes, dans lesquels il n’y a pas de place pour l’autre, pour la pensée ou l’opinion de l’autre ».

L’enlèvement au Cameroun du père Georges Vandenbeush, libéré le 31 décembre de la secte islamiste Boko Haram, avait ainsi été fermement condamné par Ibrahim Moubarak Mbomba, président national du Conseil camerounais des imams des mosquées et des affaires islamiques au Cameroun. [...]"

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