Revue de presse

"Paris : pourquoi le baptême républicain séduit les parents" (leparisien.fr , 25 oct. 20)

28 octobre 2020

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Alternative au baptême religieux, méconnu, sans valeur légale mais symboliquement fort, le baptême civil séduit des parents attachés aux valeurs de la République. Nous avons assisté à l’un d’eux, samedi.

Par Elodie Soulié

L’écharpe tricolore, une Marianne lisse et blanche qu’il caresse de sa petite main, un certificat manuscrit dont les pleins et déliés lui rappelleront ce samedi 24 octobre 2020 : ce jour, Liam est symboliquement entré dans le giron de la République. Français, le petit Liam l’était déjà ; avec ce « baptême républicain », ou « parrainage civil », il est devenu un patriote version Romain Gary, nourri par et pour « l’amour des siens ».

Cette cérémonie et la démarche qu’elle porte, nées de la Révolution française à la fin du XVIIIe siècle, ne sont pas si courantes parce que méconnues.

Le baptême républicain a traversé les siècles en perdant de sa puissance symbolique. Sans valeur légale, il était presque tombé en désuétude, voire déconsidéré par certains maires. Ainsi à Paris, il est possible dans 13 arrondissements sur 20, les édiles des Ve, VIe, VIIe, VIIIe, XVe, XVIe et XVIIe s’y refusant, plus favorables par conviction à la protection divine qu’à celle de l’Etat.

Clin d’œil peut-être cocasse au baptême religieux, l’un des objets symboles du parrainage républicain, hormis l’écharpe tricolore taille XXS, l’acte officiel signé par les parents et les parrains, et les roses rouges offertes à ces derniers, c’est… le pain que partagent les proches et remis par l’élu de la République. Le symbole de l’assistance matérielle que les parrains auront le devoir d’apporter au filleul, s’il advenait que les parents disparaissent.

C’est dans les mairies de gauche que le baptême civil connaît le plus d’engouement, et c’est d’ailleurs suite au basculement de l’Hôtel de Ville à gauche, en 2001, que ces cérémonies ont plus ou moins conquis Paris, à la discrétion de ses élus. Cela pourrait évoluer, avec une nouvelle génération d’élus ouvertement favorables. « J’ai cinq ans pour y parvenir ! » lance par exemple Catherine Ibled, conseillère de Paris (Indépendants et progressistes), élue dans le XVe. L’un des arrondissements dont le maire, le gaulliste Philippe Goujon, assume son refus des baptêmes républicains.

Ces trois dernières années, c’est dans les XIe, XIIIe, XVIII, XIXe et XXe arrondissements qu’ont été célébrés la plupart des baptêmes républicains.

Ralentis en 2020 par les contraintes sanitaires, ils ont représenté 220 cérémonies en 2018, 213 en 2019, et 73 cette année.

A l’heure où l’on débat plus que jamais de laïcité, d’union républicaine, où l’on se débat entre crise sanitaire, remise en cause des institutions et montée d’intégrismes religieux, le baptême républicain reprendrait-il du galon ? « Chez nous il a beaucoup de sens », sourit Flore, la maman de Liam, pour qui cette cérémonie est source de fierté.

« Nous avions découvert cette cérémonie par des amis, il y a quelques années, raconte-t-elle. Pour nous c’était nouveau, alors que cela existe depuis si longtemps ! Nous avons trouvé que c’était une belle façon de souhaiter la bienvenue à un enfant, c’était très fort, indépendamment du baptême religieux. »

Flore et Olivier avaient ainsi fait parrainer civilement leur fils aîné Louis, également baptisé protestant. Du haut de ses 8 ans, c’est lui qui a ceint son petit frère d’une minuscule écharpe tricolore, samedi à la mairie du IXe, lors de la cérémonie menée par Alexis Govcyan, Conseiller de Paris élu du IXe arrondissement.

« Je trouve que l’on a besoin de symboles comme celui-ci, estime encore Flore. On accueille un enfant dans sa 2e famille, comme si cela soudait la famille naturelle autour des valeurs de la République ». « Cela a quelque chose d’officiel » ajoute la marraine de Liam, tandis que son parrain, un ami proche du papa, s’avoue « bouleversé et très fier d’être là ».

« Là », c’est dans cette « maison commune » évoquée par Alexis Govcyan, qui rappelle que dans la République sont bienvenus et « traités de la même façon, tous les croyants et non croyants, de toutes religions. C’est l’égalité des droits, des valeurs à chérir, à défendre et à promouvoir », insiste cet élu d’origine arménienne, connu pour son engagement pour les droits de l’homme et la mémoire des combattants.

Le baptême républicain n’est pas un acte anodin selon lui. « C’est une petite révolution, puisque le référent n’est plus l’autorité religieuse mais l’Etat, que le sacrement laisse place à l’engagement, à la défense de la liberté, l’égalité, la fraternité, mais aussi la laïcité », insiste l’élu. Et le petit Liam est devenu un maillon de la longue chaîne républicaine."

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Voir aussi dans la Revue de presse la rubrique Cérémonies laïques (note du CLR).


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