Revue de presse

P. Bruckner : "Les djihadistes nous frappent non pour ce que nous faisons, mais pour ce que nous sommes" (Le Figaro, 19-20 août 17)

Pascal Bruckner, philosophe, auteur de "Un racisme imaginaire : islamophobie et culpabilité" (Grasset). 19 août 2017

"[...] Les djihadistes nous frappent non pour ce que nous faisons, mais pour ce que nous sommes. Essayer de leur complaire est vain, c’est notre existence même qui leur est insupportable.

Il y a tout de même une dimension symbolique à viser Barcelone...

A Barcelone, il y a quelques jours des militants d’extrême gauche manifestaient aux cris de "Tourists, go home, refugees welcome !". Ils seront servis, l’affluence des touristes va dégringoler. Barcelone est un lieu de plaisir, la ville mythique d’Erasmus depuis le film L’Auberge espagnole, une ville de fête et de tolérance, qui est insupportable non seulement aux djihadistes mais aux intégristes musulmans en général. de plus, pour les groupes islamistes, l’Espagne est une terre musulmane reconquise illégitimement par Isabelle la Catholique. [...]

Quelques jours après l’attaque néonazie de Charlottesville, on semblait avoir enterré les fantômes islamistes...

[...] Il est frappant de voir le mimétisme de la violance identitaire à travers l’usage de la voiture-bélier à une semaine d’intervalle, par un militant néonazi et des djihadistes. Il y a quelques jours, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, réaffirmait la nécessité de lutter conte le "racisme, la xénophobie, l’antisémitisme et l’islamophobie" qui "empoisonnent nos sociétés". Il me semble qu’il a omis le terrorisme islamiste, qui semble être une cause majeure d’empoisonnement. Quant à l’islamophobie, il faut cesser une bonne fois pour toutes d’utiliser ce mot qui empêche toute réflexion sur les problèmes internes à l’islam. Ce n’est pas l’islamophobie qui entraîne le terrorisme, mais le terrorisme qui rend l’islam haïssable et pénalise les musulmans modérés.

L’internationalisation du djihad élimine-t-elle pour autant les causes sociales et économiques de la radicalisation ?

A éviter de désigner la religion comme cause du terrorisme, on s’égare dans une multitude d’interprétations fumeuses. [...] Il faut nommer les choses. Nous sommes face à une maladie à l’intérieur de l’islam. [...]

Sur le long terme, la réponse ne peut être que culturelle, théologique, et elle doit venir des musulmans eux-mêmes. [...] L’islam doit se sauver de ses démons. [...]"

Lire "Pascal Bruckner : « L’islam semble engagé sur une pente suicidaire »".


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